Communiqué de La Ligue des droits de l’Homme Nord Pas de Calais
« Face aux déchaînements de propos haineux et aux remises en causes de toutes parts, faisant suite à l’incendie du camp de la Linière, la Ligue des Droits de l’Homme réaffirme son soutien au Maire de Grande-Synthe : rien de ce qui s’est passé ne peut remettre en cause la nécessité d’accueillir les migrants qui fuient toutes les guerres.
La détermination à mettre en œuvre, ici et maintenant, l’idéal de fraternité républicaine, envers tous ceux qui souffrent de la folie des hommes, ne saurait être remise en cause par des actes criminels.
Ceux qui ont fermé où laissé fermer Sangatte ont leur part de responsabilité dans l’installation de la jungle de Calais. Ceux qui ont vidé, ou qui ont détourné les yeux lorsque que fut vidée la jungle de Calais, ont leur part de responsabilité dans l’évolution de ce qui est survenu à Grande-Synthe, et qui a abouti au désastre de ces derniers jours. Ceux qui rêvent que rien ne vienne remplacer le Camp de la Linière ont déjà leur part de responsabilité dans ce qui surviendrait alors inéluctablement.
Gérer ce qui se passe sur la côte des Hauts de France comme s’il s’agissait d’une cause qu’il suffit de supprimer pour que l’ordre revienne, ne peut aboutir à rien. La cause est en Syrie, elle est en Afghanistan, elle est en Somalie. Nous ne vivons ici que les conséquences, et si les causes persistent, les conséquences persisteront.
L’absence de lieux d’accueils entraînera inéluctablement la multiplication de petits bidonvilles, rendra plus difficile l’intervention des associations humanitaires, et maintiendra dans la misère et aux marges de la dignité humaine des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, de bébés, soumis à la loi des passeurs et des racketteurs en tous genres. Cette situation entraînera tout aussi inéluctablement le déploiement toujours plus coûteux de toujours plus de forces de police, pour un résultat contestable.
La solidarité doit continuer à jouer pleinement, et l’accueil des migrants doit se faire dans la dignité, comme nous l’aurions aimé pour nos parents ou grand parents pendant l’exode, car c’est la condition nécessaire pour restaurer un ordre public serein, républicain et fraternel ».
LIGUE DES DROITS DE L’HOMME
DÉLÉGATION RÉGIONALE
COURRIEL : ldh.npdc@gmail.com
Communiqué de la Cimade
INCENDIE À GRANDE-SYNTHE : L’IMPASSE DE LA MANCHE S’EST ENCORE ASSOMBRIE
L’hypocrisie diplomatique qui se joue à Calais comme à Grande-Synthe doit cesser, elle conduit la France à contrôler la frontière d’un pays tiers et les personnes migrantes à se mettre en danger.
Un incendie s’est propagé dans le camp de la Linière dans la nuit du 10 au 11 avril, réduisant en cendres une initiative de mise à l’abri dans des conditions dignes de personnes exilées « en transit » vers la Grande-Bretagne. Ce drame souligne l’urgence de créer plusieurs lieux d’accueil humanitaire dans une région où de nombreuses personnes continuent à arriver dans l’espoir de traverser la Manche.
En effet, le démantèlement du bidonville de Calais n’a pas mis fin à l’attraction du Royaume-Uni. L’État français doit sortir du statu quo et assumer son devoir de protection humanitaire de femmes, d’hommes et de mineurs isolés se trouvant en danger actuellement.
« L’impasse de la Manche s’est encore assombrie, mettant en danger encore plus de personnes en demande de protection : l’État ne peut pas persister dans ce déni de réalité », affirme Geneviève Jacques, présidente de La Cimade.
Le 28 février dernier, La Cimade interpellait avec ses partenaires – Amnesty International France, Médecins du Monde, le Secours Catholique, Emmaüs France, Médecins Sans Frontières, le Mouvement français pour le Planning familial et la Fondation Abbé Pierre – les ministres français de l’intérieur et du logement, sur « la nécessité de créer plusieurs lieux d’accueil humanitaire dans le Calaisis et le Dunkerquois pour permettre aux personnes migrantes de sortir de l’errance et des graves dangers auxquels elles sont exposées » face aux « conditions de vie et de sécurité devenues critiques à l’intérieur du camp » et à « l’apparent silence des autorités administratives et judiciaires ». La demande de réunion de crise est restée sans réponse.
La Cimade, qui assure une permanence d’accès aux droits installée dans la ville de Grande-Synthe depuis un an, réitère plus que jamais la nécessité de créer des lieux d’accueil humanitaire sur le littoral.
De plus, les personnes exilées qui souhaitent, après information, demander l’asile en France, doivent pouvoir le faire depuis un lieu aux conditions d’accueil dignes, avec un réel accompagnement social, sans risquer d’être renvoyées dans un autre pays européen en application du règlement « Dublin ».
Enfin, pour les personnes qui souhaitent rejoindre le Royaume-Uni, les démarches doivent être soutenues par l’État français. L’hypocrisie diplomatique qui se joue à Calais comme à Grande-Synthe doit cesser, elle conduit la France à contrôler la frontière d’un pays tiers et les personnes migrantes à se mettre en danger.