Petit historique CAMO
Cela fait maintenant près de 20 mois que le collectif d’aide aux migrants de Ouistreham (CAMO) agit pour venir en aide aux exilés présents sur cette commune.
Créé en septembre 2017 par une poignée de citoyens nous sommes désormais près de 300 bénévoles présents sur le terrain tout au long de chaque semaine pour venir en aide aux migrants que nous appelons ici les copains.
Nous avons créé en parallèle du CAMO une association qui s’appelle le Mouvement Ouistrehamais de Collecte Associative (MOCA).
Celle-ci permettant au CAMO de pouvoir bénéficier d’aides financières et ainsi de soulager les bénévoles de nombreux achats (nourriture, vêtements, produits d’hygiène, médicaments, recharges Lycamobile, mais aussi tout ce qui concerne la logistique des distributions).
Nous organisons des repas chauds les lundis soir, mercredis matin, jeudis soir, vendredis midi, samedis soir et dimanches soir. Les samedis matin ce sont des petits déjeuner améliorés.
Les mardis soir et mercredis soir les distributions de nourriture sont assurées par les Restos du Cœur qui distribuent des repas froids. Les lundis matin, mardis matin et dimanches matin, des groupes ou associations indépendantes prennent aussi le relai. Ainsi les copains bénéficient de 2 repas par jour à Ouistreham, sauf le jeudi.
A titre d’exemple, de septembre 2017 à août 2018, c’est environ 34000 repas qui ont été distribués par le CAMO.
Nous avons une équipe qui gère les vêtements et qui les distribue le samedi matin.
Nous distribuons aussi duvets, couvertures, couvertures de survie, produits d’hygiène.
3 fois par semaine une équipe d’infirmières et de médecins est aussi présente sur le terrain durant les distributions pour les consultations et soins médicaux avec un ancien camion de pompier généreusement prêté par l’association « Itinérance Dieppe ». Nous réalisons parfois jusqu’à 150 consultations par mois.
Nous possédons également un camion généreusement prêté par l’association Coup de Main de Ouistreham. Celui-ci nous permet de transporter tout le matériel logistique pour l’organisation des repas (tables, vaisselle, barnums, générateur avec table multiprises etc.)
Durant l’hiver 2017 nous avons créé le Camododo et fédéré plus de soixante-dix familles pour permettre aux copains d’être hébergés un ou plusieurs soirs.
Grace à Emmaüs, 8 copains peuvent-être hébergés tous les soirs.
Situation actuelle
Les migrants présents sur Ouistreham sont d’origine Soudanaise de la région du Darfour.
Présence de mineurs et d’une majorité de jeunes majeurs pour la plupart sous le régime de Dublin.
Ils étaient environ au nombre de 180 il y a 5 mois, puis 130 il y a 2 mois et maintenant environ 70.
La baisse de la population peut s’expliquer par le fait que certains arrivent à passer de l’autre côté de la Manche, d’autres repartent ailleurs durant l’hiver, certains sont hébergés à temps plein et un turnover moins important est également dû aux blocages des frontières dans le Sud et la forte diminution des secours en Méditerranée.
A noter qu’à Ouistreham nous n’avons aucune aide de la municipalité, il n’y a pas d’accueil de jour et encore moins de nuit. Nous faisons toutes nos distributions à ciel ouvert sur une place à l’entrée du chemin du halage à côté du canal, le long du quai Charcot.
Quand les copains ne sont pas hébergés ils dorment sous le centre socio-culturel situé dans le bourg de Ouistreham, certains au rond-point sous les arbres situé à côté de la maison du maire, certains sous le préau de l’école primaire. D’autres se réfugient dans des maisons abandonnées, garages ou autres abris de fortune.
Nous organisons régulièrement des maraudes les soirs d’hiver.
La présence de gendarmes et de compagnies de gardes mobiles est permanente de jour comme de nuit. Ils sont souvent stationnés sur le port, embarcadère du car-ferry et rond-point de la maison du maire.
La volonté des forces de l’ordre est de « dégager » les migrants hors du port et de les empêcher de s’introduire dans les camions. Il arrive parfois et trop régulièrement que les copains se fassent matraquer et gazer par les gardes mobiles (gendarmes en noirs – « black police »). Les copains se font réveiller aussi parfois à 5h du matin sous le centre socio-culturel de manière virulente avec de la lacrymo. Tout cela sans compter la violence verbale et la confiscation de leurs affaires (sacs de couchage, duvets, sacs à dos). Face à cette dernière injustice nous avons trouvé quelques habitants bienveillants qui acceptent de laisser des malles dans leur jardin pour qu’ils puissent y laisser leurs affaires en toute sécurité la journée. Et tout récemment une violence supplémentaire s’est ajoutée à la liste déjà longue des exactions commises par les gardes mobiles : la destruction de leurs téléphones portables.
Quand de tel faits inacceptables se produisent nous les dénonçons (voir notre page CAMO sur Facebook : https://www.facebook.com/CollectifAideMigrantsOuistreham/)
Le député de notre circonscription, Christophe Blanchet (LREM), a obtenu du Parlement un décret autorisant les forces de l’ordre à interpeller les personnes ne possédant pas de papiers d’identité dans un rayon de 5 kms autour du port. Ainsi depuis 2 mois, plusieurs copains ont été embarqués, et certains même envoyés en centre de rétention.
Depuis mi-janvier la mairie de Lion-sur-mer, commune à 6 kms de Ouistreham a ouvert un lieu d’accueil de nuit pour 10 copains et ce durant toute la période hivernale. Cela leur permet de bénéficier de lits confortables et de douches. Le CAMO s’occupe de la logistique pour amener les copains et gérer ce lieu.
Depuis le 23 février une permanence d’accueil juridique s’est ouverte à Ouistreham grâce à l’initiative de la CIMADE. Ce sera tous les samedis de 12h30 à 14h30 à la salle paroissiale de Ouistreham. Dorénavant nos copains migrants pourront savoir précisément et en toute confiance et confidentialité quels sont leurs droits. Il y aura à chaque fois des personnes compétentes sur le plan juridique et au moins un traducteur en français-arabe.