https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/un-militant-condamne-pour-un-tweet
FRANCE : UN DÉFENSEUR DES DROITS DES MIGRANTS CONDAMNÉ POUR UN TWEET
Loan Torondel, un militant des droits des réfugiés, vient d’être déclaré coupable de diffamation pour avoir publié un tweet. La liberté d’expression et la défense des droits humains est en danger en France.
Cette affaire met en lumière le harcèlement dont souffrent les bénévoles venant en aide aux migrants et aux demandeurs d’asile qui se retrouvent sans-abri dans le nord de la France après le démantèlement en 2016 de la « jungle » de Calais.
Cette condamnation pour diffamation en raison de la publication de ce tweet établit un précédent dangereux pour quiconque filme ou photographie les méthodes disproportionnées qui sont employées par la police française à Calais et dans le reste du pays. Alors même qu’il est légal de photographier les interventions de police.
FAIRE PRESSION SUR LES MILITANTS
Le tweet a été publié en janvier 2018 par Loan Torondel, un défenseur des droits humains qui suivait alors la situation humanitaire des migrants à Calais dans le cadre de son travail pour l’association L’Auberge des Migrants.
Il faisait de manière ironique référence aux propos président de la République qui avait déclaré la veille : « Nous sommes la nation française », en faisant le parallèle entre la solidarité invoquée par celui-ci et les conditions inhumaines vécues par les migrants.
La photographie jointe au tweet montre des agents de police français se tenant au-dessus d’un homme qui semble être un migrant assis sur un sac de couchage. La légende suggère que les agents de police sont sur le point de prendre la couverture de cet homme, et ce, en plein hiver.
La condamnation en diffamation pour la simple publication d’un tweet peut avoir un effet paralysant et dissuader les bénévoles de faire état sur le terrain de potentiels comportements abusifs. De plus, cette décision laissera les migrants et les réfugiés dans une situation encore plus précaire.
Nous suivons de près et sommes au fait du harcèlement, par le biais du système judiciaire, à l’encontre des défenseurs des droits des migrants dans la région de Calais, et nous mobiliserons pour les dénoncer.
Nous continuerons de soutenir Loan Torondel qui a fait appel de la décision.
Calais : un militant reconnu coupable de diffamation après un tweet ironique visant des CRS
Loan Torondel va faire appel de la décision.
Le tweet de la discorde date du 1er janvier 2018. Le militant, alors membre de l’Auberge des Migrants, publie une photo de deux CRS debout devant un migrant assis sur un sac de couchage. Décrivant : « (Policier prenant la couverture d’un migrant)« , il leur invente un dialogue fictif : « Mais il fait 2° ! / Peut-être, mais nous sommes la Nation française monsieur« .
Un pied de nez au discours d’Emmanuel Macron, qui la veille pendant ses vœux de fin d’année avait dit, pour surmonter les difficultés que rencontrait le peuple : « N’oubliez jamais, nous sommes la nation française« . Une phrase rapidement tournée en dérision notamment par ce militant, qui dénonce également le traitement réservé aux migrants en pleine période de froid.
Il n’est pas interdit de photographier des policiers
« En France, il est légal de photographier les interventions d’agents de police » rappelle Amnesty International dans un communiqué. « L’engagement de poursuites en diffamation pour la simple publication d’un tweet peut avoir un effet glaçant et dissuader les bénévoles de faire état sur le terrain de potentiels comportements abusifs. »
L’histoire de Loan Torondel est emblématique des pressions auxquelles font face les défenseurs des droits humains en France
L’ONG était présente au procès, ce mardi matin, par le biais du responsable du programme Libertés d’Amnesty International France, Nicolas Krameyer. Celui-ci, écrit notamment sur Twitter que « l’histoire de Loan Torondel est emblématique des pressions auxquelles font face les défenseurs des droits humains en France, notamment lorsqu’il s’agit de solidarité avec les réfugiés et migrants.
Loan Torondel envisage de faire appel.