Communiqué sur les traversées de la Manche et le plan gouvernemental

Communiqué de : L’Auberge des Migrants. ACC Minorités Visibles. La Cabane Juridique. Flandre Terre Solidaire. Gynécologie Sans Frontières. Itinérance Cherbourg. MRAP – Littoral dunkerquois. Secours Catholique Caritas France – Délégation Pas de Calais. Terre d’Errance Flandre Littoral. Terre d’Errance Norrent-Fontes. Utopia 56. LDH Dunkerque 

Les traversées de la Manche par les personnes exilées : nous dénonçons la décision du gouvernement français de se plier aux exigences britanniques !

Les traversées de la Manche en bateau ont fait la une des tabloïds britanniques depuis des semaines. Dans cette soi-disant « crise migratoire », le gouvernement français vient une fois de plus de se plier aux demandes des autorités britanniques. Le ministre britannique de l’Intérieur, Sajid Javid, a en effet annoncé le 30 décembre, conjointement avec M. Castaner, son homologue français, un « plan d’action renforcé » : sur la côte française, encore plus de patrouilles de surveillance, des actions visant à démanteler les « gangs de trafiquants », des campagnes de « sensibilisation des migrants aux dangers de la traversée de la Manche », et la surveillance des plages et ports par des policiers et des drones.

Rappelons des faits simples

D’après les chiffres donnés par la Grande-Bretagne*, y entrent chaque année 630 000 immigrant.e.s. Sur ce chiffre, les autorités évaluent à 70 000 les entrées « illégales », dont 15 000 estimées par camion, voitures ou conteneurs. Et au nom des 239 personnes arrivées par bateau depuis début novembre, les autorités britanniques osent parler de « crise » !

En 2017, la Grande-Bretagne n’a enregistré que 26 350 demandes d’asile (121 200 en France), ce chiffre en baisse de 14% sur l’année précédente (en France + 17 %). La Grande-Bretagne accueille donc de moins en moins de demandeurs et demandeuses d’asile !

Déjà, dans le cadre des accords du Touquet, la France édifie des murs, des grillages, équipe les ports de Dunkerque, Calais, la gare de Frethun et le Tunnel, de caméras, projecteurs, de systèmes de plus en plus élaborés de contrôle des véhicules. Des centaines de policiers et policières gardent des stations-services, des parkings, des ronds-points, et font tout pour décourager les exilé.e.s de rester près de la frontière.

C’est le désespoir qui pousse les exilé.e.s à risquer leur vie !

Ce sont les conditions de survie abominables que l’état français impose aux exilé.e.s, c’est le refus d’examiner leurs demandes d’asile, ou le taux élevé de refus de protection, la violence de la police, qui poussent les exilé.e.s à risquer leur vie sur des canots pneumatiques, pour leur dernière chance, l’Angleterre !

Au nom de quoi M. Castaner accepte-t-il de renforcer encore la surveillance du littoral ? Au nom de quoi empêche-t-on les exilé.e.s de tenter de quitter la France à partir des plages ou des ports ? Les accords du Touquet concernent-ils les plages, les caps, les estuaires, les ports de pêche ?

Les associations d’aide aux exilé.e.s le long de la frontière franco-britannique protestent solennellement contre ces dispositifs coûteux, absurdes, inhumains et inefficaces. Elles demandent l’ouverture de voies d’accès légal vers la Grande-Bretagne. C’est le seul moyen d’éviter les drames qui se nouent chaque nuit sur les eaux glacées de la Manche.

*Sources :

https://www.gov.uk/government/publications/immigration-statistics-october-to-december-2017/how-many-people-do-we-grant-asylum-or-protection-to

https://www.migrationwatchuk.org/briefing-paper/455