Ces expulsions sont – on le rappelle – suspendues, pour le moment. Le temps que soit publié un rapport confié au Commissariat général aux réfugiés et apatrides (CGRA), chargé de vérifier si les migrants soudanais renvoyés vers leur pays n’y sont pas victimes de mauvais traitements et tortures. Ce rapport est attendu pour la fin de ce mois.
La CGSP Police en particulier récolte les témoignages et questionnements de ses affiliés et tire la sonnette d’alarme.
« Les policiers ne veulent pas être otages du politique«
Pour Marc Duplessis de la CGSP Police, « le sentiment est que le monde politique utilise la police pour montrer à la population que l’on se préoccupe au maximum du dossier des migrants« .
« Or, poursuit-il, nombre de policiers se posent de plus en plus de question à propos du respect ou non de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme qui interdit à tout État de pratiquer la torture ou de soumettre toute personne à des traitements inhumains ou dégradants. Une disposition qui ne connaît pas d’exceptions. Les autorités belges devraient donc préalablement examiner si, oui ou non, il y a des risques que les personnes arrêtées chez nous et expulsées vers leur pays d’origine. Beaucoup de policiers se voient ainsi confrontés à leur conscience et se sentent pris en otages par le monde politique. »
Et Marc Duplessis d’ajouter que les questions sont d’autant plus pressantes que les policiers voient ces missions « anti-migrants » devenir quotidiennes ou quasi-quotidiennes, et ce depuis des semaines à présent. Les policiers, souligne la CGSP, ont aussi des femmes, des enfants et ne voient pas avec plaisir « des gens rester ainsi dans des gares ou des parcs pour espérer avoir une meilleure vie« .
Des actions à prévoir ?
La CGSP appelle à un débat sur le fond de la politique d’asile et un meilleur encadrement des policiers. « Nous avons l’impression que l’article 3 de la Convention des droits de l’Homme n’est pas respecté ni par les autorités, ni par le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA, ndlr), ni par le secrétaire d’État à l’Asile Theo Francken (N-VA) ; il nous faut un débat avec l’autorité pour avoir des éclaircissements sur la totalité de la problématique. C’est trop facile de dire que les policiers doivent exécuter ce que le monde politique ordonne« .
Et sinon ? Faute de débat de fond ? Marc Duplessis prévient : « Une grève est une possibilité, mais nous n’obtiendrions sans doute pas ce que nous voulons. Je pensais plutôt à une campagne à la Gandhi, c’est à dire ne pas exécuter ce que nous devons exécuter, et voir ce qui s’en suit« . Une campagne de « désobéissance civile » qui serait de l’ordre du jamais-vu.