Refugee Legal Support (RLS) launched the Family Reunion From Europe (FRFE) project on February 1st 2021 with the support of eight commercial law firms in the UK. This project aims at utilising pro bono capacity to help with family reunion work for applicants in Europe, Turkey and Libya with family members in the UK following the Dublin Regulations coming to an end in December 2020.
This initial contact form is to be used by organisations or individuals wishing to refer a family reunion case for legal support to RLS. Please note that not all referrals will be accepted, but all of them will receive appropriate attention and feedback. A response to all referrals will be expected to be sent within seven working days of receipt in writing via email.
Please complete the form below according to the details on the person’s identity documents. If any information across documents is inconsistent please note this and provide any further details in the relevant fields. All fields marked with an asterisk (*) are mandatory. The ones without an asterisk are optional at this stage and you can leave them blank if you don’t know them or will take long to find them. All data included in this form and any email correspondence with RLS is covered by confidentiality and is governed by the applicable Data Protection laws in the UK. You can find RLS’s Data Protection Policy (DPP) and more on how the data in this form will be used by following this link. You can request a digital copy of RLS Data Protection policy by typing “YES” in the blank field below and by indicating an email address you would like us to send it to:
I want a copy of the RLS Data Protection Policy to be sent to me _______
I want the copy of the DPP to be sent to this email address: _________________________
Before filling out the form below, make sure you (if self-referring), the person you wish to refer or the sponsor in the UK do not have legal representation for the purposes of this particular family reunion case in the UK. We are unable to assist individuals who are already represented in this matter.
Completed referral forms as well as any queries regarding this form should be sent to FRFE Project Coordinator Ellie Doyle at casework.uk@refugeelegalsupport.org
Date*: ……………….
Referred by*: ……………..
Please provide name, organisation and email/phone number of the person completing this form
Case number/reference with you, if any:
How did you hear about the project?*
RLS Social Media
RLS website
Refugee Legal Group in the UK
Other (please specify)
Has consent been obtained to make this referral? (Y/N)
Applicant = person you are referring
Sponsor = family member or relative in another European country, Turkey or Libya that applicant wishes to reunite with
INFORMATION ON THE APPLICANT
(the family member outside the UK)
First name of Applicant*
Surname of Applicant*
Nationality of Applicant*
Date of birth of Applicant*
Any inconsistencies between passport/national ID and asylum applicant’s card? If yes, please state specifically. You can also state aliases here
Phone number(s) *
specify if used for normal calls or/and WhatsApp
Email address*
Home Address or city/island where the Applicant resides*
Languages spoken*
Interpreter required?*
Specify the language and dialect as necessary
Any vulnerabilities?*
Any dependents?*
If yes, how many and how are they depending on the Applicant? If the Applicant has dependent children, please provide their ages
What is the immigration status of the Applicant in the country of residence? (i.e unregistered, registered asylum seeker, recognised refugee, subsidiary protection, humanitarian VISA etc)
Does the Applicant have a valid national passport? Until when? If not, would it be safe and possible for them to obtain one?
If the Applicant has dependents, do the dependents have valid national passports? If not, would it be safe and possible for them to obtain one?
INFORMATION ON THE SPONSOR
(the family member in the UK)
First name of the Sponsor*
Surname of Sponsor*
Date of birth of the Sponsor*
Nationality of the Sponsor*
Phone number(s) *
specify if used for normal calls or/and WhatsApp
Email address*
Languages spoken*
Interpreter required?*
Specify the language and dialect as necessary
What is the relationship between the Applicant and the Sponsor?* Be as specific as possible
Immigration status of the Sponsor*
Does the Sponsor have a copy of their immigration record?
CASE HISTORY
Has the Applicant ever applied to join the Sponsor under the Dublin Regulations? If yes when was the EIU refusal letter issued or when was the Applicant notified?*
Has the Applicant ever applied to join the sponsor through any other legal route?* If yes, please specify
ADDITIONAL INFORMATION
(add any relevant comments or case summary-the box below is expandable)
À la suite des révélations de Mediapart concernant des « pressions » exercées sur des juges à la Cour nationale du droit d’asile pour modifier le sens de leur décision, l’association d’avocats Elena France a déposé plainte auprès du procureur de la République de Bobigny, fin décembre dernier, dans l’objectif qu’une enquête soit ouverte.
L’association d’avocats Elena France, dont les membres ont pour habitude de défendre des demandeurs d’asile, a déposé plainte contre X auprès du procureur de la République de Bobigny le 21 décembre dernier, pour « menace et acte d’intimidation », « faux en écriture publique », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique » et« discrimination ». Parmi les motifs de la plainte, des « pressions exercées sur les magistrats de la CNDA pour influencer leur activité juridictionnelle » et des « modifications apportées sur un rôle de lecture d’une séance publique à la CNDA ».
En 2021, des juges siégeant à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), chargée d’examiner le recours des demandeurs d’asile déboutés en premier lieu par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, confiaient en effet à Mediapart avoir fait l’objet de « pressions » pour modifier le sens de leur décision, y compris lorsque celle-ci avait déjà été actée par les juges de manière collégiale. Des accusations graves, venant entraver l’indépendance pourtant sacrée des magistrats, que nous révélions après plusieurs mois d’enquête en septembre dernier (lire notre article et voir notre reportage vidéo).
Interrogée à plusieurs reprises à ce sujet, la présidente de la Cour, Dominique Kimmerlin, avait alors nié les accusations de pressions ou d’interventions, assurant que « le caractère collégial de la plupart des formations de jugement rend absurde l’hypothèse de pressions extérieures, qui ne sauraient s’exercer de façon uniforme sur trois magistrats issus d’horizons différents ».
Dans la plainte, que Mediapart a pu consulter, Elena France s’appuie sur une majorité des éléments rapportés dans notre enquête concernant la mise en délibéré prolongé de décisions par des responsables de la cour – qui ne doivent en aucun cas interférer dans le délibéré des juges –, des interventions de différents acteurs de la cour pour modifier le sens d’une décision ou la modification unilatérale d’une décision par le magistrat présidant la formation de jugement sans que les autres juges n’en soient informés. Des dysfonctionnements majeurs et inédits, dénoncés pour la première fois publiquement.
Des zones d’ombre concernant une décision modifiée
De manière plus concrète, document à l’appui, Elena France dénonce un changement apporté à une décision concernant quatre demandeurs d’asile afghans en septembre 2021. Sur le document censé être signé par tous les juges de la formation à l’issue du délibéré (afin d’éviter toute modification anormale a posteriori), appelé « rôle de lecture », on peut lire : « annulation CG », pour Convention de Genève et donc statut de réfugié ; puis la mention « PS », pour protection subsidiaire, une protection moins importante que le statut de réfugié. Une modification « sous-entendant que la décision prise initialement par la formation de jugement était l’octroi, au bénéfice des quatre demandeurs concernés, du statut de réfugié », pointe l’association d’avocats dans la plainte.
Et d’ajouter : « Trois semaines plus tard, le rôle de lecture de cette séance publique a été publié sur le site de la CNDA et ne comporte, au titre du sens de la décision, que la mention “protection subsidiaire”, entérinant la modification de la décision prise initialement par la formation de jugement. »« Si ce document a été modifié postérieurement à la prise de décision et dans un sens différent, moins protecteur pour le requérant, c’est très grave, relève Me Daoud, conseil d’Elena France. S’il y a eu une intervention qui s’est matérialisée par cette modification, on a donc changé une décision de justice. Est-ce un épisode isolé ? Celane concerne que les Afghans ? »
Lors de notre enquête, un fait similaire nous avait été rapporté, sans que nous parvenions à l’étayer. « Il peut arriver, très rarement, que les juges changent leur position dans les trois semaines de délibéré. Le problème, c’est que même si on change le sens de la décision, on doit tous re-signer le rôle. Il devrait donc y avoir au moins le paraphe de chacun des juges sur ce document », souligne un juge assesseur à la CNDA sous couvert d’anonymat, pour qui le coup de tampon tapuscrit « PS » n’a « clairement pas été ajouté au cours de l’audience ». « Soit les juges étaient au courant et ont oublié de re-signer le rôle, et il s’agit dans ce cas d’un problème procédural, soit il y a eu un changement de décision sans qu’ils soient avertis, ce qui est très grave. »
L’avocate des quatre requérants a choisi de confronter l’un des juges à l’origine de cette décision, qui présidait l’audience ce jour-là. Elle affirme que celui-ci n’était « pas clair dans ses propos ». « Cela pose plein de questions. Pourquoi le document n’a pas été re-signé ? Quand le coup de tampon a-t-il été apposé, par qui et pourquoi ? Les juges ont-ils décidé d’accorder le statut de réfugié et ont ensuite changé d’avis ? Quand j’en ai parlé au juge, il n’a pas répondu oui. Il s’est étonné de ce coup de tampon et a évoqué une erreur matérielle. »
Contacté, le magistrat dit « s’en souvenir, sans s’en souvenir dans le détail ». Il confirme avoir lui-même été « surpris » par les événements et préfère parler d’un « cafouillage administratif ». « Il y a eu un incident que je ne peux expliquer. La CNDA est une grosse machine dont je ne maîtrise pas les rouages », confie le juge vacataire.
« Quand j’ai été alerté de ça, j’ai essayé de savoir si quelqu’un avait bidouillé la décision que nous avions prise à trois ou non. J’ai essayé de m’assurer que la décision finale correspondait bien à la décision de la collégialité. De mémoire, il y a eu une modification [faite]par la formation elle-même. Je pense que les services administratifs ont publié le sens d’une décision qui n’était pas le bon, avec le sens initial et non le sens corrigé conformément aux possibilités juridiques. »
Pourquoi donc le rôle n’a pas été re-signé par les trois juges après la modification apportée ? « Peut-être y a-t-il un autre exemplaire qui circule et qui a été re-signé, interroge le magistrat, avant de nuancer. À ma connaissance, il n’y a qu’un seul rôle. Il est signé une fois en bas à l’issue de l’audience, une fois à côté de la modification s’il y en a une.Je ne m’explique pas que circule ce rôle non signé, avec des coups de tampon, alors qu’on n’est pas équipés de tampon encreur en salle d’audience. Mais s’il y avait eu un problème grave, mettant en cause les principes avec lesquels je fonctionne, je m’en souviendrais. »
L’un des autres juges ayant participé à l’audience assure ne pas se souvenir de cette affaire. « On délibère sur le siège et la lecture de la décision a lieu trois semaines après. Lorsqu’il y a une modification sur le rôle, ce qui peut arriver, c’est à la suite d’une décision de la formation de jugement et le rôle est re-signé par tous les membres. Je ne vois pas pourquoi celui-ci ne serait pas signé, on ne peut pas décider administrativement de modifier le sens d’une décision qui a été prise par une formation de jugement. Cela relève d’une connaissance des faits que je n’ai pas. »
Des requérants de certaines nationalités privés d’audience
Pour l’avocate des quatre requérants concernés par ce changement de décision, ces « zones d’ombre » n’aident pas à une meilleure compréhension du processus. « La décision est collégiale et doit être prise sur la chaise après notre plaidoirie. Si les juges se posent des questions ensuite, on doit en être informés pour pouvoir y répondre. Et si la décision n’est pas prise par les personnes devant lesquelles on plaide, mais prise dans un système de contrôle des chefs de chambre chargés de relire les décisions, il y a un problème de procès équitable. Ce contrôle remet en cause la réalité du procès tel qu’il se passe. »
Selon nos informations, la CNDA devait faire l’objet, courant janvier 2022, d’une mission de contrôle de la Mission d’inspection des juridictions administratives (Mija) du Conseil d’État, qui a été reportée compte tenu du contexte sanitaire. Prévue de longue date, celle-ci n’aurait pas de lien direct avec nos révélations, mais pourrait s’attarder sur certains éléments de notre enquête.
Autre point soulevé par la plainte, mais déjà régulièrement dénoncé par les avocats de la CNDA : les ordonnances de tri, qui empêchent les demandeurs d’asile de présenter et défendre leur cas en audience devant le juge. Un procédé censé rester exceptionnel et ne concerner que les dossiers manifestement infondés ou « plus évidents », validé par le Conseil d’État. Pour de nombreux avocats, les ordonnances seraient aujourd’hui utilisées « massivement », y compris pour des dossiers qui mériteraient de passer en audience.
Oumayma Selmi, présidente d’Elena France, espère que cette plainte aura l’effet d’un « électrochoc ». « On est arrivés au bout d’un système qui ne nous entend pas et n’entend pas la nécessité de garantir l’accès au juge », déplore l’avocate s’agissant des ordonnances.
Et d’affirmer avoir, certaines semaines, des dizaines de dossiers traités de cette manière : « Quand il y a autant d’opacité sur ces procédures, et qu’on constate par ailleurs dans nos cabinets que des nationalités ont statistiquement plus de chances de faire l’objet d’une ordonnance (d’où le caractère discriminatoire mis en avant dans la plainte), ça interroge. »
Parmi les nationalités particulièrement touchées par les ordonnances de tri, le Bangladesh, le Pakistan, la Guinée, la Mauritanie, Haïti, l’Albanie, l’Arménie ou encore l’Algérie. « La juridiction considère donc que certains dossiers ne sont pas dignes de passer en audience. Mais l’audience fait vivre un dossier. Comment peut-on penser qu’on peut statuer en matière d’asile sur des éléments écrits, sans avoir vu le requérant, sans lui avoir laissé le temps de verbaliser ses traumatismes ? », souligne Oumayma Selmi.
La plainte, qui ne s’inscrit pas dans une « stratégie de tentative de déstabilisation de la cour ou de sa présidence », insiste Me Daoud, doit permettre l’ouverture d’une enquête. « Elle a pour vocation de faire changer les choses, le plus rapidement possible », conclut-il.
Libération, par Nelly Didelot, publié le 9 janvier 2022
Crise migratoire à la frontière entre le Bélarus et la Pologne
Une loi votée en décembre a allongé la durée de rétention, passant à un an, des demandeurs d’asile arrivés dans le pays cet été grâce à la filière migratoire bélarusse et enfermés depuis dans des camps. Une entorse de plus au droit d’asile européen.
La plupart d’entre eux sont arrivés en Lituanie en connaissant à peine le nom du pays. Le petit Etat balte n’était censé être qu’une porte d’entrée vers l’Union européenne, une étape d’un voyage vers l’Allemagne souvent, la France parfois, ou n’importe quel pays sûr plus riche et plus à l’ouest. C’est en tout cas ce qu’avait fait miroiter le régime bélarusse à des milliers d’Irakiens, de Syriens et d’Africains, en créant à l’été une nouvelle filière migratoire vers l’Europe Mais pour les plus de 4 000 personnes entrées illégalement en Lituanie entre juin et août, le chemin s’est arêté la frontière à peine franchie. La plupart d’entre eux sont toujours bloqués dans le pays, enfermés dans des centres d’accueil.
Une question les taraude, qui fuse dès le départ de toute discussion : «Quand retrouverons-nous la liberté ?» Pour l’heure, les autorités lituaniennes n’ont pas prévu ce cas de figure. L’étroite alternative offerte aux réfugiés se résume au maintien dans des centres fermés en attendant le traitement de leur demande d’asile, ou au retour vers leur pays d’origine.Pour les convaincre de rentrer volontairement, Vilnius leur a d’abord offert 300 euros avant de tripler la prime le mois dernier. 482 personnes, qui ont souvent payé bien plus pour essayer d’atteindre l’Europe, ont accepté la compensation et un billet d’avion retour. Une cinquantaine d’autres ont été expulsés.
Entrave au droit d’asile
Les 3 166 demandeurs d’asile qui restent dans les camps n’entretiennent que peu d’espoirs d’obtenir une réponse positive. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, seuls 87 «étrangers ayant franchi illégalement la frontière lituano-bélarusse» ont obtenu l’asile alors que 3 189 décisions défavorables ont été rendues. Aucune disposition spécifique n’a été prévue pour les mineurs, qui représentent un quart des arrivées. Depuis l’été, les mesures prises visent surtout à rogner les droits des demandeurs d’asile. La plus dure a été adoptée au mois d’août. «Depuis, seules les personnes qui ont des documents de voyage en règle peuvent déposer des demandes d’asile aux postes frontière ou à l’ambassade lituanienne à Minsk. Si elles entrent illégalement, on n’enregistrera pas leur demande, sauf exceptionnellement pour des raisons humanitaires, et elles seront refoulées vers le Bélarus. C’est une entrave excessive au droit d’asile», pointe Luka Lesauskaitė, le porte-parole de la Croix rouge lituanienne.
Même le bureau des droits humains de Frontex s’en est inquiété et a demandé que les réfugiés ne soient plus repoussés de l’autre côté de la frontière mais amenés aux postes de douane où ils pourront déposer une demande de protection. «Nous savons que des gens se cachent dans la fôret et n’osent pas appeler à l’aide malgré la neige parce qu’ils craignent d’être renvoyés», explique Frauke Ossig, coordinatrice d’urgence de Médecins sans frontière en Lituanie, où l’ONG a commencé à intervenir cet été. La situation est encore pire en Pologne, ce qui vient de contraindre MSF à se retirer de la zone frontière faute d’accès aux personnes en danger.
Un an de détention
En Lituanie, une nouvelle loi adoptée en décembre autorise le maintien en détention des demandeurs d’asile pendant un an. Le texte précédent, taillé sur mesure en juillet, prévoyait six mois d’enfermement. Alors que cette période touchait à son terme pour la plupart des personnes concernées, son allongement est tombé comme un coup de massue. «Ils nous tuent psychologiquement. Personne ne supporterait de rester enfermé tout ce temps mais nous, on doit tenir le coup parce que la situation est encore pire de là où on vient», s’indigne une Congolaise enfermée dans un camp de conteneurs construit au début de l’automne à Medininkai.
Ces centres sont surveillés de près par l’armée ou la police et les migrants sont interdits de toute sortie. Beaucoup se plaignent des conditions d’hébergement et certains évoquent des pressions pour les faire signer un accord de retour volontaire. «Le 1er janvier, on nous a distribué de la nourriture moisie. L’eau n’est pas de bonne qualité et parfois nous avons des maux de ventre», affirme Djany, un jeune Congolais détenu dans le camp de Pabradé. Il ne comprend pas cette privation de liberté. «Depuis tout ce temps, j’aurais pu commencer à m’intégrer et à apprendre la langue, chercher un travail et peut-être trouver une copine. La vie aurait continué. Aujourd’hui, plus personne n’a confiance en ce pays.»
Il ne fait que peu de doutes que ce résultat est celui recherché par les autorités lituaniennes, qui ont tout fait pour ne pas devenir un nouveau pays d’immigration. «Avant l’installation des camps à l’automne, des personnes sont restées enfermées pendant des mois dans des postes frontières, sans moyens de communication, sans accès à un traducteur, affirme Frauke Ossig. C’est une violation claire des directives européennes sur le droit d’asile.» L’Union a choisi de la cautionner : en novembre, elle a proposé d’autoriser la Pologne, la Lituanie et la Lettonie à déroger à certaines dispositions du droit d’asile.
Sangatte: 12 caméras de vidéoprotection pour surveiller la plage
Douze caméras de vidéoprotection seront bientôt installées. Elles sont entièrement financées par les Britanniques dans le cadre de la sécurisation de la frontière.
Isabelle Hodey| Publié le 27/01/2022
Des caméras de videoprotection vont faire leur apparition, le long de la côte à Sangatte, afin de prévenir les traversées de la Manche par les migrants en small boats. Ces caméras seront au nombre de douze, a précisé le maire Guy Allemand lors du conseil municipal de mardi soir : une à la rotonde, deux à l’aire des Mouettes (entrée et sortie), deux au niveau du camping du Fort-Lapin, deux aux Salines face aux accès à la plage, trois le long de la digue Camin (à l’entrée, à la sortie et au niveau de la Digue royale) et deux rue Jean-Mermoz, face à la descenderie.
Le conseil municipal en a acté le principe, considérant que « de nombreux véhicules circulent le long du littoral en transportant un nombre important de personnes migrantes, en dehors de toute règle élémentaire de sécurité, y compris de jeunes enfants et que cela constitue un risque avéré pour les personnes transportées et les autres usagers de la route ». La délibération insiste sur « l’augmentation constante des dépôts de matériaux et autres objets en bordure de plage et sur les plages », ainsi que sur « l’insécurité que créent les phénomènes de vols de moteurs à bateaux ou les risques de cambriolages ».
Les crédits avancés par les Britanniques
Les images seront centralisées à Arras. C’est la commune qui paiera les factures « étant entendu que ces crédits seront avancés par les autorités britanniques sur présentation des factures correspondantes et avant leur engagement par la commune », dit la délibération. Ces fonds font partie des 62,7 millions promis sur la frontière par le Royaume-Uni l’an passé.
« Il n’y a aucune raison de refuser ce projet, a estimé le maire Guy Allemand. Il servira à la surveillance du littoral pour arrêter les réseaux de passeurs, et à la commune en cas d’événements malheureux sur le territoire. » Quatre élus de la majorité se sont abstenus.
Plusieurs milliers de réfugiés restent massés dans l’immense forêt de Podlachie, entre Pologne et Biélorussie.
Par Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance), Le Monde, le 16 décembre 2021
C’est devenu, au fil des semaines, une sinistre routine : chaque nuit, plusieurs dizaines de migrants forcent, avec le soutien actif des gardes-frontières biélorusses, les fils barbelés le long de la « frontière verte » de l’Union européenne, entre la Pologne et la Biélorussie, parsemée sur près de 180 kilomètres d’épaisses forêts, de marécages et de rivières. Ces incidents ne se font pas sans violences : jets de pierre et de pétards en direction des forces polonaises, provocations de la part de l’armée biélorusse. Pendant ces assauts, qui engagent parfois jusqu’à deux cents personnes, les forces biélorusses aveuglent les gardes polonais avec des stroboscopes et des lasers.
Sur le front humanitaire, les activistes dévoués à l’aide des migrants sont exténués. Ils sont une cinquantaine à se relayer en permanence depuis des mois, pour apporter les premiers secours à ceux qui, perdus dans la forêt, signalent leur détresse par téléphone. Au-delà des vêtements chauds, de la nourriture, des boissons ou des kits de survie, ce sont les batteries de recharge des téléphones portables qui sont les biens les plus convoités. Dans les immenses forêts de Podlachie, appelées par les migrants « la jungle », on peut survivre plusieurs journées sans nourriture, mais pas sans la localisation GPS de son téléphone.
La première semaine de décembre, les températures nocturnes dans la région sont tombées en dessous de – 10 °C. Il fait nuit noire à 16 heures. Le bilan officiel d’une vingtaine de morts est largement sous évalué selon les activistes, et les populations locales relatent régulièrement de macabres histoires de corps aperçus en forêts ou dans les marécages. En raison du flou juridique entourant le statut de la zone, les habitants restent relativement discrets vis-à-vis des autorités, car toute documentation photographique ou vidéos était encore récemment interdite. L’endroit reste largement surmilitarisé.
Piège infernal
Après trois mois d’interdiction totale d’accès aux médias et aux ONG à proximité immédiate de la frontière côté polonais, pour cause d’« état d’urgence », les autorités de Varsovie ont été forcées de lever légèrement ces restrictions. Les règles n’en restent pas moins draconiennes : l’accès des journalistes est encadré par l’armée et ne peut se faire de manière autonome. Les médias ne peuvent recueillir des informations qu’auprès des sources officielles, polonaises et biélorusses, et par le biais des rares vidéos indépendantes fuitant de la zone. Trois photoreporters qui se trouvaient pourtant en dehors du secteur interdit ont été victimes de violences de la part de l’armée polonaise.
Pour les migrants, le piège infernal entre les gardes-frontières biélorusses et polonais reste tendu. Les premiers forcent violemment les réfugiés à franchir la frontière (des passages à tabac et des cas de réfugiés poussés dans des cours d’eau ont été rapportés) tandis que leurs homologues polonais pratiquent le refoulement de manière systématique, déportant des familles entières en pleine forêt. La destruction des téléphones portables est aussi devenue une pratique courante. Les médias polonais relatent des histoires bouleversantes, comme celle d’une fillette de 4 ans, séparée de ses parents et perdue en forêt, dont la trace n’a toujours pas été retrouvée. Le médiateur de la République polonaise a été saisi de l’affaire. La mort d’une femme, après avoir fait une fausse couche en forêt, a également profondément ému l’opinion publique.
Cinq mois après le déclenchement de la crise migratoire, résultat de l’installation par le régime du président biélorusse, Alexandre Loukachenko, d’un pont aérien entre Minsk et le Moyen-Orient, deux logiques s’opposent sur le front de ce « conflit hybride » : d’un côté celle de la raison d’Etat polonaise et de l’Union européenne, qui refusent de céder au chantage d’un régime devenu infréquentable ; de l’autre celle des ONG, qui soulignent le besoin criant d’une aide humanitaire professionnelle. En Pologne, sous le gouvernement nationaliste de Jaroslaw Kaczynski, ces deux logiques sont incompatibles. Même si le nombre de réfugiés concerné est relativement modeste par rapport à la crise migratoire de 2015 – une vingtaine de milliers tout au plus –, il s’agit pour Varsovie d’une question de principe.
Lettre à la Commission européenne
A cet égard, le projet d’Alexandre Loukachenko visant à déstabiliser l’UE a provoqué l’effet inverse : la Pologne, pays ostracisé sur la scène européenne pour ses violations répétées des principes de l’Etat de droit, a profité d’un élan de solidarité sans précédent de la part de ses partenaires européens, des institutions européennes et de ses alliés de l’OTAN. Avec l’approche de l’hiver, la situation s’est aussi retournée contre le dictateur biélorusse, qui se voit obligé de rapatrier par la force nombre de réfugiés. Quatre mille personnes auraient déjà embarqué à bord de charters retours vers la Syrie et l’Irak. Neuf mille personnes avaient, fin novembre, réussi à passer la frontière et à rejoindre l’Allemagne. Mais il resterait encore entre 5 000 et 7 000 réfugiés en Biélorussie, selon les autorités polonaises
« Nous nous préparons à ce que cette crise s’étende dans la durée, au-delà de l’hiver, estime le porte-parole du coordinateur des services spéciaux polonais, Stanislaw Zaryn. Les Biélorusses ont mis en place tout un dispositif de hangars, pour faire passer l’hiver à ces personnes. C’est pourquoi la construction du mur que nous prévoyons à la frontière est nécessaire. » Le gouvernement se fixe pour objectif de terminer l’infrastructure de 180 kilomètres de longueur, composée de barreaux de cinq mètres de hauteur et de barbelés, d’ici le milieu de l’année 2022.
Loin des considérations géopolitiques, les organisations d’aide aux migrants et les défenseurs des droits humains, regroupées dans la vaste coalition Groupe frontière (« Grupa Granica »), qui ont porté assistance à près de 6 000 personnes depuis le début de la crise, ont écrit une lettre ouverte au ton cinglant à la Commission européenne, critiquant vertement les derniers projets de mesures de l’exécutif européen relatifs à la gestion des frontières.
« Ce projet met en place des mesures qui renforcent l’état de non-droit et les atteintes aux droits de l’homme, dénoncent-elles. Il légalise explicitement les pratiques exercées par le gouvernement polonais (…). Nous sommes effarés du fait qu’un projet enfreignant les droits humains et la Convention de Genève sur les statuts des réfugiés puisse être approuvé par les institutions européennes. »
« Je vois déjà la mort devant nous »
Farhad Mohammed, un Kurde Irakien de 34 ans, joint par téléphone, se trouve dans le principal hangar mis à disposition par les autorités biélorusses à Bruzgi, à deux kilomètres de la frontière. Mille personnes environ s’y entassent. « Actuellement, nous attendons tous une bonne nouvelle venant de l’Union européenne, qu’ils nous autorisent à rentrer », affirme-t-il. Un espoir entretenu par les services biélorusses, qui recrutent régulièrement de nouveaux candidats aux tentatives de passages en force, leur promettant de l’aide.
Farhad déplore les conditions de séjour dans le centre. « Nous n’avons pas le droit de sortir. Même quand nous allons aux douches, nous sommes accompagnés par l’armée. Rien n’est gratuit ici, et les Biélorusses nous exploitent : payer pour recharger son téléphone, des taux de change exorbitants, les prix des repas… Combien de temps pouvons-nous tenir comme ça ? » Mais, dit-il, pas question de se faire rapatrier.
« Je vois déjà la mort devant nous. Par – 15 °C, nos chances sont faibles.Mais il y a des familles avec enfants ici qui sont prêtes à tout. Même en cas de mauvaises nouvelles de l’UE, nous retenterons notre chance par la “jungle”. C’est le cas d’au moins la moitié de ceux qui sont ici. » S’il y a un point sur lequel s’accordent les autorités polonaises, les activistes et les réfugiés, c’est que la crise migratoire, bien que moins médiatisée qu’à ses débuts, n’est pas près de s’estomper.
Après deux expulsions de campements qu’ils considèrent illégales notamment en raison de la confiscation ou de la destruction de leurs biens personnels.
La Voix du Nord | Publié le 10/12/2021
Des migrants attaquent en justice la mairie de Grande-Synthe, près de Dunkerque, après deux expulsions de campements au mois d’octobre. Des expulsions qu’ils considèrent illégales notamment en raison de la confiscation ou de la destruction de leurs biens personnels, a appris l’AFP auprès de leur avocat.
Ces six migrants, de nationalité iranienne, ont saisi lundi le juge de l’exécution du tribunal judiciaire de Dunkerque pour contester non le bien-fondé mais les modalités d’exécution de ces expulsions des 13 et 26 octobre, a expliqué leur avocat, Me Jérôme Giusti.
Selon lui, ces expulsions sont illégales d’abord parce que le procès-verbal d’expulsion n’a pas été notifié aux personnes qui vivaient sur ces campements, installés sur des terrains appartenant à la mairie. En outre, l’huissier de justice présent « commandait une société de nettoyage dont l’objet était de détruire, de lacérer les tentes et de confisquer les biens des personnes, ce qui est totalement interdit », souligne-t-il, rappelant que le droit applicable est le même que pour les personnes expulsées de leur appartement. « Un PV doit faire l’inventaire des biens sur les lieux, et si les personnes ne peuvent pas les récupérer immédiatement, elles doivent être informées qu’ils sont remis dans un local où elles pourront venir les chercher et que, si ce n’est pas le cas, ils seront vendus ou détruits sous un certain délai, pointe-t-il. Ils violent l’intimité des gens, parce que certains sont encore dans les tentes au moment où elles sont lacérées ! »
« Faire acter que de telles expulsions sont illégales »
Les migrants et leur avocat espèrent une annulation a posteriori des deux expulsions et une condamnation de la mairie de Grande-Synthe à des dommages et intérêts mais voudraient surtout « faire acter que de telles expulsions sont illégales ».
« J’ai vu les équipes de nettoyage donner des coups de couteau dans les bâches formant les abris des personnes. Les équipes de nettoyage ont pris sous mes yeux 5 tentes avec à l’intérieur de celles-ci des affaires personnelles », retrace Anna Richel, coordinatrice de l’association d’aide aux migrants Utopia 56 à Grande-Synthe et présente lors de l’expulsion du 13 octobre. Plus de 1000 personnes, majoritairement des Kurdes, vivaient dans le camp démantelé ce jour-là, selon l’association.
Par Thibaut Sardier, publié le 7 décembre 2021 dans Libération
Dans un rapport publié mardi, l’Institut Jacques Delors regrette le déficit de «dynamique politique» de l’Union européenne sur les migrations et l’asile, et demande de l’ambition à Emmanuel Macron qui prendra les rennes de l’UE en janvier. Parmi les pistes proposées, la mise en place d’un visa pour la recherche d’emploi,
Impasse à Lesbos, tensions à frontière Pologne-Bélarus, naufrage au large de Calais…
L’actualité tragique aux frontières de l’Europe rappelle – faute de consensus entre les Etats-membres – les manquements des politiques européennes en matière de migrations. Surtout lorsqu’il s’agit de les traiter sous l’angle de la solidarité. Pourtant, au total, plus de 50 000 personnes auraient trouvé la mort aux frontières de l’Europe depuis 1993. «Aucune dynamique politique ne semble aujourd’hui se dessiner», confirme l’Institut Jacques Delors dans un rapport publié le 6 décembre, deux jours avant qu’Emmanuel Macron ne présente les grandes lignes de sa politique pour la présidence française de l’Union européenne (du 1er janvier au 30 juin 2022). «A mi-chemin entre le réalisme désespérant et l’idéalisme improductif» – comprendre, pas nationalistes ou souverainistes, mais loin d’être «no border» pour autant –, les auteurs constatent que faute d’orientations communes, les Européens laissent s’accumuler des situations problématiques au regard des droits fondamentaux : refoulement injustifié de demandeurs d’asile à certaines frontières, longueur des procédures, accords avec des pays hors-UE pour «dissuader» les candidats à la migration, ou encore «survalorisation» des discours sécuritaires au détriment de la solidarité.
C’est un blocage politique devenu structurel qui explique cette situation. Au lendemain de la «crise» migratoire de 2015, des négociations entre pays européens ont été lancées par les institutions de l’UE. En septembre 2020, elles ont pris la forme d’un Pacte européen sur la migration et l’asile, toujours en cours de discussion du fait de désaccords insurmontables entre Etats. Résultat, les derniers textes a avoir fait consensus en matière d’asile remontent à 2013. Ils sont peu opérationnels en cas de circonstances exceptionnelles, comme on l’a vu en août avec les débats sur l’accueil en Europe d’Afghans fuyant le régime taliban . «Il faut une nouvelle directive sur la solidarité en cas de crise, climatique ou sanitaire par exemple, avec un dispositif temporaire plus contraignant pour les Etats», explique à Libé le président du groupe de travail et coordinateur du rapport, Jérôme Vignon.Le pacte de 2020 prévoit des initiatives en ce sens, qui n’ont pas encore été discutées au Conseil des ministres européens.
Mieux appliquer les procédures d’accueil des exilés
Le contexte et les acteurs de la campagne présidentielle qui débute en France ne devraient pas aider à investir sereinement la question des migrations. Pourtant, les auteurs du rapport appellent Emmanuel Macron à «résister à la tentation d’abandonner complètement le dossier» et notamment les négociations sur le dossier clé des demandes d’asile. Jusqu’ici, les accords de Dublin prévoient que les exilés effectuent leurs démarches dans le premier pays européen où ils sont enregistrés, soit dans la majorité des cas les Etats d’Europe du Sud. «Or, les Etats de première entrée n’instruisent pas toujours correctement les demandes d’asile, estimant que pour eux, le compte n’y est pas», commente Vignon. Mieux répartir l’effort d’accueil permettrait de mieux appliquer les procédures d’accueil des exilés, mais aussi de mieux gérer le cas de refus et le retour vers le pays d’origine
Le rapport s’inquiète aussi des personnes éligibles à la réinstallation, c’est-à-dire des réfugiés qui résident dans des pays non européens où ils ne peuvent être accueillis durablement. Les pays de l’UE ne se bousculent pas pour tenir leurs engagements : «1,47 million de réfugiés sont aujourd’hui éligibles à la réinstallation. Cependant, en partie à cause de la pandémie de coronavirus, seuls 26 000 réfugiés ont été conduits vers un pays tiers sûr [en 2021]», explique le document. Le texte invite les Etats membres à développer cet accueil sans l’utiliser comme levier de négociation avec les pays en question, et sans sélectionner les réfugiés qui ont tous droit à une protection, indépendamment de leur âge, de leur genre ou de leur capacité à travailler ou non.
Information claire sur les besoins de main d’œuvre sur le continent
Parmi ses propositions, le rapport de l’Institut Jacques Delors veut organiser des voies d’immigration légale. Il remet donc sur la table l’idée d’un visa pour la recherche d’emploi. «Il n’est pas possible d’entrer légalement dans l’UE pour chercher un emploi, alors même que les besoins des Etats-membres convergent de plus en plus», dit Jérôme Vignon. Demandé auprès des autorités consulaires avant le départ, ce document serait obtenu à condition de disposer d’un billet aller-retour ainsi que «des ressources suffisantes pour la durée du séjour». Mission impossible pour des migrants économiques qui, précisément, n’ont pas de tels moyens ? «Cette condition n’est pas disproportionnée par rapport à ce qu’exigent les passeurs», répond Vignon. Le coordinateur du rapport explique qu’une telle mesure ne pourra voir le jour qu’après une harmonisation des conditions minimales d’accès au marché du travail européen (existence d’un contrat de travail, désignation d’un employeur…), assortie d’une information claire sur les besoins de main d’œuvre sur le continent. Sans cela «l’UE ne sera pas en mesure d’attirer les travailleurs migrants dont elle a besoin», prévient le chercheur Yves Pascouau
Prenant la mesure du retard accumulé, le texte appelle à faire feu de tout bois pour l’élaboration de réponses communes. Si les négociations sur le Pacte patinent, des initiatives pour lutter contre les passeurs peuvent être lancées. La réforme de Schengen assurant la libre circulation en Europe, que doit présenter la Commission européenne ce jeudi, est une autre piste. «Il faut aussi créer des mécanismes de coopération renforcée entre les pays qui veulent aller plus loin sur l’asile», conclut Jérôme Vignon. A partir du 1er janvier, la balle est entre les mains de la France.
Le réseau d’accueil des demandeurs d’asile belge est plein à craquer. Pendant deux mois, des exilés ont été contraints de dormir à la rue. L’ouverture de centres d’urgence offre une accalmie. Celle-ci sera temporaire, craignent les professionnels du secteur.
Par Cédric Vallet, publié le 03 janvier 2022 à 09h29
Il est 7 heures du matin à Bruxelles, et les deux files d’attente s’organisent dans le calme, même si des pieds heurtent malencontreusement des sacs de couchage étalés sur le sol. Près de la porte du centre d’arrivée de l’agence belge pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fédasil), cinq personnes dorment en rang d’oignon, le visage fouetté par la bruine. Un petit groupe d’hommes termine sa nuit sous une bâche en plastique, qui sert de tente improvisée.
A droite de l’entrée, c’est la file des publics « prioritaires » : mineurs non accompagnés, familles, femmes, personnes vulnérables. A gauche, celle des hommes seuls. Certains débarquent avec leur valise du Sénégal, de Géorgie, d’Erythrée et, surtout, d’Afghanistan. . Ils attendent leur tour pour enregistrer leur demande d’asile et bénéficier d’un premier accueil, de quelques jours, avant d’être transférés vers l’une des 84 autres structures du pays, le temps de l’examen de leur procédure.
Tous patientent devant ce centre de briques rouges aux allures vaguement médiévales surnommé le « petit château ». Premier dans la file d’attente, Karim est entouré de trois compagnons d’exil. Il a quitté l’Irak il y a un mois. Un ticket vers le Portugal avant de remonter, en train, vers Bruxelles. Il a grappillé quelques heures de sommeil à même l’asphalte, mais garde fermement sa première place. Plus loin, Abdullah, ressortissant sénégalais en errance depuis plus de deux ans, est reconnaissant : « Quelqu’un m’a vu dormir par terre et m’a offert ce blouson et ces gants, car il a fait froid et humide cette nuit. » Abzalshad, un Afghan, reste stoïque. « J’ai froid, mais ça ira. J’ai traversé une dizaine de pays, des montagnes et des forêts. Cela fait quatre mois que j’ai quitté l’Afghanistan, un peu avant l’arrivée des talibans. J’attends de pouvoir faire venir mes cinq enfants en Belgique. »
« Cela bloque au niveau politique »
Ce matin du 28 décembre 2021, tous les demandeurs d’asile ont pu entrer. C’est l’une des premières fois que cela arrive depuis le 19 octobre. Pendant deux mois, des dizaines d’hommes, parfois même des enfants, se sont vu refuser l’accès au « château » et ont été contraints de dormir dans les rues et parcs alentours avant d’enregistrer leur demande d’asile, car le réseau d’accueil est saturé. Les centres d’hébergement comptent aujourd’hui 29 000 places, qui s’avèrent insuffisantes.
Une extension temporaire du centre d’arrivée de 400 places a été ouverte, le 24 décembre, par la Croix-Rouge, permettant de trouver des solutions d’urgence. Mais le problème de fond demeure. En moyenne, 110 personnes intègrent le réseau d’accueil chaque jour via le centre d’arrivée, et 80 en sortent, parce qu’ils ont obtenu l’asile ou qu’ils sont déboutés. « Nous nous attendons à devoir de nouveau refuser des entrées ces prochaines semaines », confie un travailleur de Fédasil. Lundi 3 janvier, à 9 heures, 50 hommes n’ont pas pu rentrer dans le centre d’arrivée. Ils dormiront dehors.
Le gouvernement s’est lancé – tardivement, estiment les associations – dans une course à l’ouverture de places, alors que ces dernières années les capacités avaient été drastiquement réduites. Près de 1 500 lits supplémentaires sont désormais disponibles. Au sein de l’agence fédérale, on peste contre l’attitude du secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, Sammy Mahdi (CD&V, chrétien-démocrate flamand). « Nous crions dans le désert depuis des mois, regrette un travailleur de Fédasil, témoignant anonymement. Nous nous sommes sentis abandonnés. Le manque de places aurait pu être anticipé. Et nous demandons depuis octobre qu’un système de pré-accueil soit mis en place pour que personne ne dorme à la rue. Mais cela bloque au niveau politique. »
Le pré-accueil d’urgence, destiné à offrir un abri avant l’introduction de la demande d’asile, est en partie assuré par le réseau associatif belge. La plate-forme citoyenne de soutien aux réfugiés et Médecins sans frontières hébergent, avec l’appui de la ville de Bruxelles, une centaine de personnes dans un hôtel. A plusieurs reprises Sammy Mahdi a marqué son opposition au financement d’une solution hôtelière, craignant « l’appel d’air » que cela pourrait engendrer.
Dysfonctionnements du règlement de Dublin
Mille places ont été ravagées par les inondations du mois de juillet. Une partie des capacités d’accueil est mobilisée pour isoler les demandeurs d’asile atteints du Covid-19. « Ces éléments ont joué en notre défaveur, mais la tendance à la saturation est un problème que nous observons depuis la fin de l’année 2018 », déplore Benoît Mansy, porte-parole de Fédasil.
Le nombre de demandeurs d’asile est en forte augmentation depuis l’été. La Belgique comptait entre 1 400 et 1 900 demandes d’asile chaque mois en début d’année 2021. Ce chiffre dépasse les 2 000, voire les 2 500 mensuels depuis juillet, dont 25 % d’Afghans. De janvier à novembre, 22 232 personnes ont demandé l’asile dans le pays. 27 742 demandes d’asile avaient été introduites en 2019, bien en deçà du record de 2015 : 44 760 demandes. Le Commissariat général aux réfugiés et apatrides est aussi débordé. Pendant ce temps, les demandeurs restent en centre.
Au sein du cabinet de Sammy Mahdi, Sieghild Lacoere, sa porte-parole, pointe les dysfonctionnements du règlement de Dublin, selon lequel le premier Etat traversé par un demandeur d’asile est responsable de l’examen de sa demande. « La plupart des demandeurs d’asile sont passés par d’autres pays de l’Union européenne, c’est là-bas qu’ils devraient suivre leur procédure. Si un demandeur d’asile peut voyager si facilement en Europe sans laisser d’empreintes digitales et sans voir un policier c’est que quelque chose ne fonctionne pas. »
Elle souligne l’engagement du gouvernement à créer 5 400 « places tampons », un système flexible de places d’accueil qui pourraient s’ouvrir ou se fermer en fonction des flux d’arrivées. Le processus est long. « Le secrétaire d’Etat avait annoncé son intention d’ouvrir les places tampons en octobre 2020, explique Tine Claus, directrice de l’ONG flamande Vluchtelingenwerk Vlaanderen. Il a fallu attendre la crise de l’accueil, presque un an plus tard, pour qu’on cherche à appliquer concrètement cette solution. »
★ 06 ANTIBES – Tél. 06 83 17 00 85 (Natalia)
Point collecte permanent jusqu’au 31 janvier
★ 09 FOIX – Tél. 06 30 05 96 80 (Jean-Pierre)
Point collecte urgent jusqu’au 8 janvier
★ 10 TROYES – Tél. 06 45 55 21 11 (Claudine)
ou 06 32 51 97 20 (Dom)
Point collecte permanent jusqu’au 25 janvier
★ 11 ARQUES – Tél. 0633965988 (Denis)
Point collecte urgent jusqu’au 8 janvier
★ 11 CASTELNAUDARY – Tél. 06 47 28 55 37 (Odile)
Point collecte permanent jusqu’au 28 janvier
★ 13 ARLES – Événement avec collecte
Le 3 février (organisé par ATTAC Arles)
Rencontre au sujet de la situation en Grèce, de l’actualité des luttes et des actions du mouvement social, en présence de Maud et Yannis Youlountas et d’autres anciens des convois solidaires
★ 13 MARSEILLE – Tél. 06 18 25 76 24 (Anne)
Point collecte permanent jusqu’au 31 janvier
★ 13 MARTIGUES – Tél. 06 86 20 35 62 (Nicole)
Point collecte permanent jusqu’au 31 janvier
★ 13 PORT-SAINT-LOUIS – Tél. 06 22 97 69 30 (Sylvie)
Point collecte permanent jusqu’au 31 janvier
★ 19 BRIVE-LA-GAILLARDE – Tél. 07 83 45 30 86 (Bastien)
Point collecte permanent jusqu’au 25 janvier
★ 31 MURET – Tél. 06 59 48 54 63 (Cass)
Ne pas envoyer de texto, appeler directement
Point collecte permanent jusqu’au 25 janvier
★ 33 BORDEAUX – Tél. 06 31 12 79 68 (Philippe)
Point collecte permanent jusqu’au 25 janvier
★ 34 MONTPELLIER – Tél. 06 52 39 13 89 (Ime)
Point collecte permanent jusqu’au 25 janvier
★ 34 MONTPELLIER – Tél. 06 69 56 36 01 (Naomi)
Point collecte permanent jusqu’au 25 janvier
★ 34 SÈTE – Tél. 06 78 00 05 79 (Valérie)
Point collecte permanent jusqu’au 25 janvier
★ 38 GRENOBLE – Tél. 06 72 96 34 37 (Christophe)
Point collecte permanent jusqu’au 5 février
★ 38 GRENOBLE – Tél. 06 81 03 18 32 (Patrick)
Point collecte permanent jusqu’au 5 février
★ 46 BELFORT-DU-QUERCY – Tél. 06 15 38 08 97 (Zoé)
Point collecte permanent jusqu’au 25 janvier
★ 46 CAHORS – Tél. 06 84 87 86 26 (Cécile)
Point collecte permanent jusqu’au 25 janvier
★ 58 NEVERS – Tél. 06 88 85 63 74 (Émilie et Clément)
Point collecte permanent jusqu’au 5 février
(et événement probable le 17 janvier, à préciser)
★ 71 MÂCON – Tél. 06 85 63 74 54 (Jean-Luc)
Point collecte permanent jusqu’au 7 février
★ 71 TOURNUS – Tél. 06 85 63 74 54 (Jean-Luc)
Point collecte permanent jusqu’au 7 février
★ 73 CHAMBÉRY – 06 73 56 76 50 (Yannick)
Point collecte permanent jusqu’au 22 janvier
★ 73 CHAMBÉRY – Événement avec collecte
Le 22 janvier (date et lieu à confirmer)
Point collecte permanent jusqu’au 22 janvier
Org. FA de Chambéry
★ 81 ALBI – Tél. 07 69 35 81 37 (Clément)
Point collecte permanent jusqu’au 28 janvier
★ 81 LAGRAVE – Tél. 05 63 81 55 62 (Annick et Eric)
Point collecte permanent jusqu’au 28 janvier
★ 81 MARSSAC-SUR-TARN – Tél. 06 01 83 24 61 (Josie et Patrice C.)
Point collecte permanent jusqu’au 28 janvier
★ 81 AUSSILLON – Tél. 06 83 75 30 10 (Patrice K.)
Ne pas appeler, mais envoyer un texto
Point collecte permanent jusqu’au 28 janvier
★ 81 MOULAYRES – Événement avec collecte
Le dimanche 9 janvier de 15h à 19h à la salle communale
« Galette sans roi ni maître » (amenez gâteaux et boissons à partager)
Organisé par ELAFF (écolos libertaires antifascistes et féministes) en présence de Maud et Yannis Youlountas et d’autres anciens des convois solidaires