Atelier ‘Les migrations, de quoi parlons-nous?’ // jeudi 2 juillet 2015 // Calais

GRDR

Le GRDR, en partenariat avec la Plateforme de services aux migrants (PSM), organise un atelier de réflexion/discussion autour des questions posées par les migrations:

Les migrations, de quoi parlons-nous?

Cet atelier est ouvert à tou.te.s et a pour objectif d’échanger sur les réalités multiples des migrations ici et dans le monde, de questionner notre regard et les mots utilisés.

 

D’une durée de 2 heures, il se tiendra le jeudi 2 juillet de 18h à 20h
à l’accueil de jour du Secours Catholique, 434 route de St Omer à Calais.

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Festival « La saveur de l’autre » // 29-31 mai 2015 // le Channel, Calais

Festival organisé par la scène nationale « Le Channel » à Calais, à l’initiative du Mouvement Utopia, « La saveur de l’autre » se veut un lieu de réflexion sur les migrations.

La saveur de l’autre, vendredi 29, samedi 30 et dimanche 31 mai 2015

Les associations et militants qui soutiennent les exilés présents à Calais et dans les Jungles du littoral et des terres seront présents pendant ces trois jours.

Venez nous y retrouver et profiter des spectacles, causeries et moments d’hospitalité!

La saveur de l'autreManifestation utile
La saveur de l’autre
Utopia, le Channel

« Nous avons voulu répondre à la sollicitation du collectif Utopia, à la fois coopérative citoyenne et laboratoire d’idées. L’enjeu est de faire débat, d’élever le niveau de compréhension sur une des grandes questions humaines de ce XXIe siècle naissant : les migrations. Donner à réfléchir afin de fonder un regard. Conférences, spectacles, propositions artistiques, rencontres, il s’agira de concevoir un temps aux entrées multiples, en quelque sorte un moment hospitalier pour y traiter de l’hospitalité. Avec la volonté de nous adresser, trois jours durant, à tous et à chacun ».

 

Ci-dessous, le programme. A retrouver également dans Sillage, le mensuel du Channel.

 

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Parution de l’enquête du Secours catholique « Paroles d’exilés de Calais »

Le Secours catholique publie une enquête très éclairante sur les exilés présents à Calais et aux alentours.

Ce rapport, qui apporte une contribution à la mission confiée par le ministre de l’Intérieur à Jean Aribaud et Jérôme Vignon, a pour ambition de dresser un portrait de ces personnes migrantes. Après avoir entendu longuement 54 exilés, les auteurs du rapport nous dessine une image nuancée de ces hommes et femmes qui ont décidé de quitter leur pays.

Paroles d’exilés de Calais

Publication d’un rapport d’enquête auprès des  « migrants » de  Calais Quand entendre les exilés de Calais remet en cause certaines idées reçues

 

Le Secours catholique publie ce jour une enquête effectuée en novembre et décembre 2014 auprès des exilés à Calais.

 Nous avons organisé des rencontres et des échanges approfondis avec les exilés afin d’entendre ce qu’eux-mêmes disent de leur vie, de leurs parcours, de leur difficultés comme de leurs espoirs. Ce travail vise à entendre la parole des exilés aujourd’hui, afin d’analyser leur situation et de soumettre des propositions qui pourraient répondre concrètement aux besoins et questionnements actuels.

 Aujourd’hui, des enfants, des femmes, des hommes vivent à Calais dans des conditions indignes. Qui sont-ils ?

Les exilés, jeunes pour la plupart (âge moyen : 27 ans), ont été contraints de fuir leurs pays en raison de persécutions vécues ou constatées autour d’eux. Le niveau d’étude des migrants, les métiers qu’ils exerçaient dans leur pays d’origine montrent qu’une grande partie d’entre eux avaient une situation sociale élevée. Il ne s’agit pas ici de migration économique, mais de personnes en recherche de protection, dont les existences sont menacées dans leur pays d’origine. L’analyse de ces entretiens approfondis confirme que l’immense majorité des migrants ont fui leur pays par crainte de persécutions. L’attente d’une protection au sens de la convention de Genève sur les réfugiés est bien au cœur des préoccupations des « migrants de Calais ».

Après avoir traversé un parcours d’exil long et dangereux, ces exilés pensaient être accueillis en Europe. Au contraire, ils subissent l’indifférence, la violence, le mépris et des conditions de vie dégradantes. Mais, malgré la dureté du sort qui leur est réservé, ils espèrent encore vivre en Europe, faire partie intégrante des sociétés qui les accueillent. Ils ont des désirs très simples : étudier, travailler, s’intégrer.

Des enseignements majeurs pour élaborer des réponses adaptées

Les entretiens confirment également les effets pervers du règlement « Dublin » : cet accord européen pousse les exilés à ne faire aucune démarche de demande d’asile, de crainte d’être renvoyés dans un autre Etat de l’Union européenne dans lequel ils ne souhaitent pas se rendre.

Mais l’analyse des récits vient surtout tordre le cou à l’idée reçue selon laquelle « les migrants veulent tous aller en Grande Bretagne ». L’immense majorité des personnes entendues n’avaient pas ce projet en quittant leur pays. La modalité ordinaire des déplacements a été de migrer par petits bonds, de pays de non accueil en pays de non accueil.

Ces enseignements constituent des éléments majeurs pour que puissent être élaborées des préconisations et des solutions adaptées aux parcours divers et aux attentes des exilés présents dans le Calaisis. Car il est temps que soit mis un terme au traitement indigne que la France et l’Europe réservent à ces exilés.

 Pour télécharger le rapport : http://secours-catholique.org/rapport-migrants-calais

Projection « Ceuta, douce prison » // 21 avril 2015, 20H30 // Studio 43, Dunkerque

MARDI 21 AVRIL – 20H30 // RENDEZ-VOUS DU DOC // STUDIO 43 à DUNKERQUE

« CEUTA, DOUCE PRISON » de Jonathan MILLET et Loic H. RECHI

En présence du réalisateur, Jonathan MILLET

En partenariat avec les acteurs associatifs qui soutiennent les exilés présents sur le Dunkerquois et le soutien de « De la suite dans les images ».

 

unnamed« Ceuta, Douce Prison » suit les trajectoires de cinq migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta, au nord du Maroc. Ils ont tout quitté pour tenter leur chance en Europe et se retrouvent enfermés dans une prison à ciel ouvert, aux portes du vieux continent. Ils vivent partagés entre l’espoir d’obtenir un « laissez-passer » et la crainte d’être expulsés vers leur pays. Le film est tourné en proximité totale avec les personnages, sans voix-off, en immersion dans leur quotidien.

Réservation recommandée

au 03 28 66 47 89 ou contact@studio43.fr

Plus d’infos sur le film ici.

Soir d’exils / Soirée de soutien aux migrants / 12.02.2015 à Dunkerque

Soir d'exils Affiche A3 duplixUne soirée avec concerts, projection et expo-photos pour informer, sensibiliser et exprimer son soutien aux personnes exilées présentes à Calais, Dunkerque et ailleurs.

Une collecte de dons est organisée sur place. Les associations d’aide aux migrants ont besoin en priorité :

  • De chaussures, de pantalons, de sous-vêtements et vêtements chauds pour les hommes (blousons, pulls…);
  • D’écharpes, de bonnets, de chaussettes et gants;
  • De matériel de camping: tentes, duvets, couvertures, bougies, lampes de poche et lampes torches, bâches, cantines et buta gaz…;
  • De produits d’hygiène et de toilette: serviettes de bain, gel douche, rasoirs…

Parlez-en à vos voisin.es et venez nombreuses et nombreux !

Plus d’infos : http://laducasse.tumblr.com/

Communiqué de presse : Le ministre de l’intérieur atteint de cécité sur les violences policières dans le Calaisis dénoncées par HRW / 29.01.2015

ORGANISATIONS SIGNATAIRES

ACC Minorités Visibles – ADRA Dunkerque – Association d’Accueil aux médecins et Personnels de Santé Réfugiés en France (APSR) – Avocats pour la Défense des Droits des Étrangers (ADDE) – Calais, Ouverture & Humanité (COH) – Collectif Fraternité Migrants du Bassin minier 62 – Collectif Fraternité Rroms du Bassin minier 62 – Collectif de soutien de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) aux sans-papiers et aux migrante-s – Collectif de soutien des exilés (Paris) – Comité Meusien d’aide aux Demandeurs d’Asile (COMADA) – Comité de Vigilance des Alpes Maritime (COVIAM) – Emmaüs Dunkerque – Emmaüs Europe – Emmaüs France – Emmaüs International – Groupe d’Information et de Soutien des Immigré.e.s (GISTI) – Itinérance Cherbourg – Ligue des Droits de l’Homme (LDH) – Ligue des Droits de l’Homme (LDH) Dunkerque – Organisation pour une Citoyenneté Universelle (OCU) – Salam Nord/Pas-de-Calais – Syndicat de la Magistrature (SM) – Terre d’Errance (Norrent-Fontes)

29 janvier 2015

Le ministre de l’intérieur atteint de cécité
sur les violences policières dans le Calaisis dénoncées par HRW

La contestation par M. Cazeneuve de la réalité des violences dénoncées dans le rapport tout récent de Human Rights Watch (HRW) sur les violences policières à l’encontre des personnes exilées à Calais, et l’argumentation utilisée, n’ont hélas rien de nouveau (voir annexe « Une dénégation habituelle des pouvoirs publics »).

Le 20 janvier 2015, à peine la cette très sérieuse organisation, de réputation internationale, avait-t-elle rendu publics les résultats de son enquête, que Bernard Cazeneuve récusait les « accusations publiques contre les forces de l’ordre », pourtant étayées par de nombreux témoignages. Pour être crédible, il aurait fallu, selon lui, que HRW ait soumis les actes de violence dénoncés à la vérification des institutions qui les ont commis – les forces de police -, tolérés – l’administration préfectorale – ou délibérément ignorées – les autorités judiciaires.

Comme le Défenseur des droits dans sa décision du 13 novembre 2012, comme la Coordination française pour de droit d’asile (CFDA) en septembre 2008 dans son rapport La loi des « jungles », HRW dénonce le fait que, à Calais, les migrants sont « victimes de harcèlement et d’exactions de la part de la police française », notamment de « passages à tabac » et d’« attaques au gaz lacrymogène ». HRW critique également l’abandon à la rue de « la plupart des migrants et des demandeurs d’asile [qui] n’ont pas d’abri contre le froid et la pluie, pas d’accès à des installations sanitaires et un accès très limité à l’eau courante ».

Autant de faits de notoriété publique, qui sautent aux yeux de tous les observateurs locaux et que la presse n’a, elle aussi, cessé de rapporter.

Mais qu’importe l’évidence. Faute de vouloir ou de pouvoir mettre fin aux violences et à l’inhumanité qui règnent dans les jungles de tout le nord-ouest de la France, M. Cazeneuve les conteste, comme l’ont fait tous ses prédécesseurs depuis la fermeture du camp de Sangatte en 2002.

Et, pour tenter d’accréditer ses dénégations, M. Cazeneuve biaise. Ainsi quand il reproche à HRW d’avoir omis de faire examiner ses accusations par l’administration avant de les rendre publiques. Car alors, assure-t-il, des enquêtes n’auraient pas manqué d’être menées et d’aboutir à des sanctions si des fautes étaient étables.

Dans l’idéal, peut-être. Mais, dans la réalité, l’administration et la justice ont toujours, chacune à leur manière, enterré les accusations de violences.

En témoigne le sort de la plainte de John M, exilé érythréen, déposée le 16 juillet 2014 à Calais avec l’aide du Secours catholique, qui semblait tombée dans l’oubli avant que son exhumation par Libération n’incite le parquet à réagir.

En témoigne aussi, le classement sans suites, confirmé par le procureur général de Douai dans une lettre du 6 décembre 2012, de plaintes déposées à Calais par le Secours catholique et par Médecins du Monde pour la destruction d’effets de migrants, au motif qu’elle serait dénuée d’« intention délictuelle ».

En témoigne encore le sabotage, en 2004, d’une enquête sur une très vilaine affaire de racket par des policiers de Paris, à l’encontre de deux exilés d’Irak, qui avait conduit la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), ancêtre du Défenseur des droits, à manifester son vif mécontentement2.

Tout montre qu’en tolérant les exactions des forces de l’ordre, dès lors qu’elles frappent les exilés, les autorités judiciaires encouragent les ministres de l’intérieur à les couvrir.

Ainsi va, depuis des années, l’insupportable politique d’un Etat qui, s’obstinant à refuser la présence, sur son sol, d’exilé.e.s chassé.e.s de leurs pays par la violence, ferme les yeux sur l’usage d’une semblable violence par ses propres forces de l’ordre.


1 « Cazeneuve aveugle aux plaintes des migrants », Libération 21 janvier 2015
2 Rapport 2005 de la CNDS, pp. 56-61 – http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/064000325/0000.pdf

CP Cécité Cazeneuve à l’enquête HRW Calais 29-01-2015

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Human Rights Watch dénonce les violences policières contre les migrants à Calais

Il faut enquêter sur les allégations de mauvais traitements par la police à Calais et fournir un abri à tous
20 janvier 2015
 .
(Paris) – Les demandeurs d’asile et migrants vivant dans le dénuement dans la ville portuaire de Calais sont victimes de harcèlement et d’exactions de la part de la police française, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les abus décrits à Human Rights Watch comprennent des passages à tabac et des attaques au gaz lacrymogène alors que les migrants et demandeurs d’asile marchaient dans la rue ou se cachaient dans des camions dans l’espoir de se rendre au Royaume-Uni.Plusieurs milliers de demandeurs d’asile et migrants, la plupart en provenance du Soudan, d’Érythrée et d’Éthiopie, vivent dans des camps de fortune ou dans les rues de Calais. Certains ont affirmé que leur traitement par la police, le manque de logements pour les demandeurs d’asile et les retards dans le traitement des demandes d’asile les avait dissuadés de demander l’asile en France.

« Les demandeurs d’asile et les migrants ne devraient pas être victimes de violences policières en France et aucun demandeur d’asile ne devrait être condamné à vivre dans la rue », a déclaré Izza Leghtas, chercheuse de la division Europe de l’Ouest à Human Rights Watch. « Offrir des conditions d’accueil adéquates et un traitement humain aux demandeurs d’asile n’est pas seulement une question de respect des obligations légales, c’est également ce qu’il y a lieu de faire pour mettre fin à la situation dans laquelle se trouvent de nombreux demandeurs d’asile à Calais. »

En novembre et décembre 2014, Human Rights Watch s’est entretenu avec 44 demandeurs d’asile et migrants à Calais, dont trois enfants. La plupart des entretiens ont été menés en groupes. Les migrants et les demandeurs d’asile ont décrit ce qui semble être des exactions de routine par des policiers alors qu’ils tentaient de se cacher dans des camions ou alors qu’ils marchaient dans la ville.

Dix-neuf personnes, dont deux des enfants, ont déclaré que la police les avait maltraitées au moins une fois, notamment par le biais de passages à tabac. Huit ont eu des membres fracturés ou d’autres blessures visibles, qui, selon leurs dires, ont été causées par la police à Calais et dans les environs. Vingt et un, dont deux enfants, ont confié que la police les avait aspergés de gaz lacrymogène.

En novembre 2014, le directeur départemental de la sécurité publique, s’adressant aux journalistes, a nié les allégations de mauvais traitements. Dans une réunion avec Human Rights Watch le 16 décembre 2014, des conseillers membres du cabinet du ministre de l’Intérieur ont assuré qu’ils n’étaient pas au courant de cas de violences policières contre les migrants et demandeurs d’asile à Calais, mais qu’ils mèneraient des enquêtes si les allégations étaient fondées sur des « faits précis ». Le 14 janvier 2015, le préfet du département du Pas-de-Calais a nié tout usage injustifié de la force par la police à l’encontre des migrants à Calais.La France est confrontée à une crise de l’hébergement pour les demandeurs d’asile. Actuellement, seulement un tiers des personnes qui demandent l’asile en France sont logées dans des centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). En décembre 2013, 15 000 demandeurs d’asile étaient sur une liste d’attente pour obtenir une place dans un centre d’accueil. Le temps d’attente était de 12 mois en moyenne. Un projet de loi devant le Parlement vise à accélérer les procédures d’asile et à augmenter les hébergements disponibles dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile dans tout le pays.Bien qu’il y ait eu des demandeurs d’asile et des migrants à Calais depuis plus d’une décennie, en raison de sa proximité avec le Royaume-Uni par train et par bateau, leur nombre a fortement augmenté depuis le printemps 2014. Le 14 janvier 2015, Denis Robin, préfet du Pas-de-Calais a déclaré à Human Rights Watch qu’il y avait environ 2 300 demandeurs d’asile et migrants dans la région de Calais. À la mi-décembre 2014, des organisations non gouvernementales locales ont estimé que 200 femmes et jeunes enfants vivaient dans des campements et que 50 femmes et jeunes enfants se trouvaient dans un centre géré par une organisation locale.La plupart des migrants et des demandeurs d’asile à Calais n’ont pas d’abri contre le froid et la pluie, pas d’accès à des installations sanitaires et un accès très limité à l’eau courante. Un grand nombre d’entre eux dépendent de la nourriture fournie par des organisations de solidarité et des bénévoles locaux.

Pourtant, la réponse du gouvernement français aux mauvaises conditions de vie à Calais a été insuffisante et lente. Le ministre de l’Intérieur avait annoncé en novembre qu’un centre d’accueil de jour serait mis à disposition pour fournir des douches, des repas ainsi qu’une assistance juridique à 1 500 demandeurs d’asile et migrants à partir de janvier 2015. Mais le 15 janvier 2015, seuls des services limités étaient disponibles sur le site jusqu’en avril 2015. D’après l’ association Vie Active qui gère le centre, l’hébergement de nuit ne serait disponible qu’en mars 2015 et ne concernera que 100 femmes et jeunes enfants.

Le gouvernement finance une autre association, Solid’R, pour gérer un hangar à Calais dans lequel des migrants peuvent dormir la nuit, dont l’ouverture est obligatoire lorsque la température ressentie est de moins cinq degrés Celsius ou inférieure. Les autorités ont la latitude de le laisser ouvert même lorsque la température est au-dessus des moins cinq degrés ressentis. Ce hangar a ouvert le 26 décembre 2014 et a été fermé le 2 janvier 2015, puis a ouvert à nouveau le 14 janvier 2015 du fait de vents violents dans la région. Le 5 janvier 2015, l’association qui gère ce hangar a informé Human Rights Watch que sa capacité maximale était de 500 places, soit un tiers des 1 500 places promises par le gouvernement. M. Denis Robin a informé Human Rights Watch que, si nécessaire, la capacité du hangar pourrait être augmentée pour atteindre les1 500 places promises par le gouvernement, mais que des travaux de rénovation seraient nécessaires. Une installation similaire était disponible les années précédentes, mais avec une capacité limitée à 120 places.

Des officiels ont informé Human Rights Watch en décembre 2014 et janvier 2015 que des mesures avaient été prises pour inscrire et traiter les demandes d’asile rapidement. Ils ont déclaré que le nombre de demandes d’asile avait fortement augmenté en 2014. Ils ont également affirmé que 422 places dans des centres d’accueil avaient été proposées a des demandeurs d’asiles venant de Calais, et que 500 places additionnelles allaient été mises à disposition dans des centres d’accueil en dehors de Calais pour accueillir les personnes qui demandent l’asile à Calais, bien que l’on ignore comment ces places seront attribuées et quand elles seront toutes disponibles.

Bien que ces mesures constituent une amélioration, la situation demeure éprouvante pour de nombreux migrants et demandeurs d’asile et les nouvelles installations sont rudimentaires. Le gouvernement français doit intensifier ses efforts pour faire en sorte que tous les demandeurs d’asile – y compris ceux qui sont couverts par le Règlement Dublin – soient logés sans délai comme l’exige la législation européenne, selon Human Rights Watch. Le gouvernement devrait envisager de rendre l’abri d’urgence disponible indépendamment de la température ressentie et s’assurer qu’il y ait suffisamment de places pour tous les migrants sans papiers qui dorment dehors.

Le gouvernement français devrait également enquêter immédiatement sur les témoignages de violence policière à l’encontre des demandeurs d’asile et des migrants à Calais et garantir que toute personne reconnue responsable de tels actes soit amenée à rendre des comptes. Le gouvernement devrait fournir des directives claires aux policiers spécifiant l’interdiction de l’utilisation injustifiée et disproportionnée de la force, notamment des gaz lacrymogènes.

« Le gouvernement français devrait mettre un terme à toute violence policière et honorer son engagement à fournir rapidement un logement aux demandeurs d’asile », a conclu Izza Leghtas. « Une solution durable à la crise à Calais est attendue depuis longtemps. »

Migrants et demandeurs d’asile à Calais

Les demandeurs d’asile et les migrants ont vécu dans des camps de fortune et dans la rue dans la région de Calais depuis que le gouvernement français a fermé un centre géré par la Croix-Rouge à Sangatte, près de Calais, en 2002. Le centre avait la capacité d’accueillir 700 personnes, mais en accueillait jusqu’à 2 000. Il a été considéré par les gouvernements français et britannique comme un facteur d’attraction pour les migrants sans papiers cherchant à entrer au Royaume-Uni.

Des centaines de personnes ont été expulsées par les autorités en septembre 2009. Le nombre de demandeurs d’asile et de migrants a ensuite diminué jusqu’à environ 200, mais à l’été 2014, les chiffres ont de nouveau augmenté, avec des personnes fuyant les conflits et la répression au Soudan, en Syrie, en Érythrée et en Éthiopie. Des centaines de personnes ont été expulsées de camps de fortune à Calais en mai et juillet 2014, dans la majorité des cas sans qu’aucune alternative d’hébergement adéquate ne soit proposée.

La plupart des demandeurs d’asile et migrants que Human Rights Watch a interrogés ont déclaré qu’ils étaient arrivés en Europe par l’Italie, mais qu’ils n’y étaient pas restés en raison des mauvaises conditions d’accueil.

La réglementation de Dublin de l’UE permet aux pays européens de renvoyer les demandeurs d’asile vers le premier pays de l’UE dans lequel ils sont entrés, où ils sont identifiés par leurs empreintes digitales dans une base de données à l’échelle européenne. Un grand nombre de demandeurs d’asile à Calais ont confié à Human Rights Watch qu’ils évitaient de fournir leurs empreintes digitales en Italie ou en France.

La préférence par un demandeur d’asile d’obtenir une protection dans un pays plutôt qu’un autre n’a aucune incidence sur la validité de sa demande d’asile.

Rapports de violences policières

Rosa, 25 ans, qui a indiqué qu’elle était ressortissante d’Érythrée, a déclaré à Human Rights Watch que le 14 novembre 2014, des policiers l’ont battue quand ils l’ont trouvée dans un camion sur l’autoroute. Comme pour les autres personnes interrogées, elle est identifiée seulement par son prénom, pour sa protection. Les prénoms de certaines personnes interrogées ont été modifiés à leur demande.

« La police a examiné le camion et m’a trouvée », a-t-elle confié. « J’ai dit : ‘S’il vous plaît aidez-moi’, mais ils m’ont battue et je me suis effondrée devant le camion. Ils m’ont rouée de coups de pieds sur le sol. » Rosa a déclaré qu’elle a perdu connaissance et s’est réveillée dans la salle des urgences à l’hôpital. Quand Human Rights Watch s’est entretenu avec elle le 25 novembre dans un hôpital de Calais où elle avait été opérée de la jambe droite, elle a déclaré qu’elle devrait encore passer six semaines à l’hôpital. Human Rights Watch n’a pas pu vérifier la cause de sa blessure.

Salamou, 28 ans, originaire d’Érythrée, a déclaré que trois policiers l’ont battu près d’une station essence dans la soirée du 25 novembre 2014.

« Je marchais, normalement », a-t-il déclaré. « Quatre policiers sont sortis de leur camionnette et m’ont frappé à coups de bottes et de matraque. Après m’avoir frappé, un policier a dirigé une lampe sur moi et m’a ri au nez. ‘Aidez-moi’, ai-je supplié, mais il a ri. Ils m’ont donné des coups de pieds alors que j’étais à terre, comme un chien. » Quand Human Rights Watch a interrogé Salamou, le lendemain du jour où il affirme avoir été battu par la police, il avait des blessures visibles sur le nez.

« Il y a de bons policiers et de mauvais policiers », a déclaré Ahmed Ibrahim, 17 ans, demandeur d’asile en provenance du Soudan et vivant dans un camp de fortune à Calais. Il a affirmé à Human Rights Watch que deux policiers l’avaient roué de coups de pied quand il est sorti d’une voiture vide, où il était assis avec trois hommes à l’abri de la pluie. « Je voulais demander l’asile ici, mais avec cette violence, je préfère qu’ils me renvoient au Soudan. Je ne vais pas rester en France. Ils [les policiers] vous frappent, les gens vous jettent des œufs dessus. J’ai eu une mauvaise image de la France. »

Mohammad, 32 ans, originaire du Soudan, a déclaré qu’il marchait dans la rue à midi le 2 novembre 2014 quand un agent de police l’a frappé dans le dos avec une matraque. « J’ai couru et je suis tombé dans un trou », a-t-il confié. « La police a appelé une ambulance. J’ai passé 20 jours à l’hôpital, mon bras était cassé en trois endroits. » Il avait un bras dans le plâtre au moment de l’entretien.

Le 3 décembre 2014, « Aziz », un ressortissant d’Afghanistan âgé de 29 ans, a déclaré que des policiers l’avaient battu trois jours plus tôt.

« J’étais dans la rue en train d’utiliser le Wifi sur mon téléphone vers 23 heures », a-t-il expliqué. « Quand ils [les policiers] sont arrivés, j’ai commencé à courir, ils m’ont poussé au sol […] Un policier m’a poussé, j’étais par terre, ils m’ont aspergé [de gaz lacrymogène] et quand je me suis retourné, ils m’ont frappé. J’avais du sang sur le visage, sous mon œil, sur le nez et le genou. Je n’ai rien vu parce qu’ils m’ont d’abord aspergé puis ils m’ont frappé aux jambes, sur tout le corps. » Une chercheuse de Human Rights Watch a vu des traces de blessures sur le visage d’Aziz et des trous aux genoux de ses pantalons, dont il a affirmé qu’ils étaient dus au fait qu’il a été poussé et battu sur le sol.

Aziz a déclaré que des policiers l’avaient également battu 20 jours plus tôt quand ils l’ont trouvé caché dans un camion sur l’autoroute. « Ils m’ont frappé avec leurs mains, m’ont donné des coups de poing au visage, mon nez saignait. [Ils m’ont battu] avec un bâton sur le corps, puis ils m’ont sorti du camion et ont dit : ‘Allez ! Va dans la jungle !’ » La jungle est une référence au plus grand des camps de fortune où les demandeurs d’asile cherchent refuge.

Le 26 novembre 2014, Kader, 24 ans, originaire d’Éthiopie, a déclaré à Human Rights Watch dans la salle d’attente des urgences d’un hôpital de Calais : « J’étais sur la route, sur mon vélo, hier à 17 heures. Un fourgon de police blanc avec une ligne bleue [ce qui correspond à la description d’une camionnette appartenant à la police anti-émeute française] s’est arrêté. Cinq policiers sont sortis, l’un d’eux m’a poussé sur l’épaule et je suis tombé sur mon bras droit. Il m’a donné un coup de pied, ensuite il m’a aspergé le visage. » Quand une chercheuse de Human Rights Watch a rencontré Kader une semaine plus tard, son bras était dans un plâtre de résine et dans une écharpe, confectionnée avec un foulard.

Les autorités françaises prétendent que le gaz lacrymogène n’est utilisé que pour dissuader des groupes composés de nombreux migrants cherchant à grimper sur des camions. Mais les migrants ont affirmé qu’il a également été utilisé dans d’autres situations. Mohammad, 26 ans, originaire du Soudan, a déclaré : « Ils [les policiers] vous aspergent comme si vous étiez un insecte. Cela nous est arrivé à tous dans la rue. »

Souhail, 20 ans, originaire d’Iran, a expliqué : « Les policiers m’ont aspergé trois fois quand j’étais dans le camion. J’étais seul. Les trois fois, c’était il y a environ un mois. Les policiers ont ouvert la porte et avant de dire quoi que ce soit ils m’ont aspergé le visage, je ne pouvais rien voir et deux fois ils m’ont frappé avec leurs bottes et leurs mains. »

Lina, 25 ans, originaire d’Erythrée, a affirmé qu’elle était tombée depuis le bord escarpé de l’autoroute près du plus grand camp de Calais lorsque des policiers lui ont aspergé le visage alors qu’elle tentait de monter dans un camion avec un groupe. « Nous voulions aller dans [le camion], les policiers sont venus, ils ont dit ‘Allez ! Allez !’ et m’ont aspergée dans les yeux, je suis tombée », a-t-elle déclaré.

Dans un entretien avec les médias le 30 novembre 2014, Thierry Alonso, le directeur sortant de la sécurité publique pour le département du Pas-de-Calais et chef de la police dans la région de Calais, a nié tout mauvais traitement de la part des responsables de l’application des lois contre les migrants. Il a affirmé : « Quelles que soient les accusations contre les policiers et les gendarmes qui assurent leur mission sous mon autorité, tout ce qui peut être dit est infondé. Il n’y a eu ni blessés, ni violences à l’égard des migrants. »

Lors d’un entretien avec Human Rights Watch le 16 décembre 2014, le conseiller du ministre de l’Intérieur sur les questions de police a déclaré qu’ « Aucune violence policière n’est tolérée » et que même s’il n’était pas au courant de cas de violence policière contre les migrants et demandeurs d’asile à Calais, toute allégation basée sur des faits précis serait examinée.

Le 14 janvier 2015, Denis Robin, le préfet du département du Pas-de-Calais a déclaré à Human Rights Watch que bien qu’il y ait des blessés parmi les migrants à Calais, leurs blessures proviennent de leurs tentatives de passage au Royaume-Uni ou sont causées par d’autres migrants. Il a nié que des blessures aient été causées par un usage excessif et injustifié de la force par la police.

L’usage excessif et injustifié de la force par la police est interdit par le droit pénal français et constitue également une violation de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auxquels la France est partie. Selon les Principes de base des Nations Unies (ONU) sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois, ceux-ci dans l’exercice de leurs fonctions ne peuvent recourir à la force « que si les autres moyens restent sans effet ou ne permettent pas d’escompter le résultat désiré. » Si l’utilisation légitime de la force est inévitable, les responsables de l’application de la loi doivent faire preuve de modération et ne pas utiliser plus de force que celle qui est proportionnée pour atteindre un objectif légitime tel que la protection de la sécurité personnelle.

Conditions de vie précaires

Manque d’abris, d’eau et d’installations sanitaires
En novembre et décembre 2014, Human Rights Watch s’est rendu dans quatre campements de fortune à Calais et a rencontré un groupe de demandeurs d’asile vivant dans la rue. Des centaines de personnes, notamment des femmes et de très jeunes enfants, dormaient dans des tentes, sur des matelas en plein air, avec peu ou pas d’abri contre le froid. Lors de la visite de Human Rights Watch, la température est descendue à 1 degré Celsius au cours de la journée.

Aucun des camps ne dispose d’installations sanitaires et l’accès à l’eau est limité. Les personnes s’approvisionnent à la source d’eau la plus proche. L’un des camps a une source d’eau, mais les personnes dans les autres endroits devaient marcher entre 300 mètres et 2 km pour trouver de l’eau.

Les organisations locales estiment que 800 à 900 personnes vivent dans le plus grand camp, composé de deux sites proches l’un de l’autre, appelé localement « la jungle ». L’un se trouve sur le site d’une usine chimique et comprend une salle de sport couverte où plus de 100 personnes dorment dans des tentes ou sur le sol. L’autre site est situé dans un bois à proximité. Les organisations locales estiment que 200 femmes et enfants, y compris de jeunes enfants, vivent dans ces deux camps.

Jusqu’à ce qu’un centre de jour ouvre partiellement le 15 janvier 2015, des organismes de solidarité locaux fournissaient un repas par jour à environ 700 demandeurs d’asile et migrants dans le centre-ville. Pour nombre d’entre eux, c’est leur seul repas de la journée et ils doivent s’y rendre à pied puis faire la queue dans le froid pour recevoir la nourriture. Le nouveau centre est situé à 9 kilomètres de l’un des grands camps de fortune à Calais. La maire de Calais a interdit la distribution de repas dans des endroits autres que le nouveau centre, bien que l’un des organismes de solidarité ait dit qu’il continuerait de distribuer des repas aux personnes vivant dans ce camp deux fois par semaine.

Les préoccupations les plus courantes citées par les personnes vivant dans les camps ont été le froid et le manque d’accès aux installations sanitaires. L’organisation humanitaire Médecins du Monde fournit des douches une fois par semaine dans deux camps ainsi qu’aux femmes et aux enfants vivant dans le plus grand camp, d’une capacité de 20 à 25 douches par visite.

Zeinab, une femme de 23 ans originaire d’Éthiopie vivant avec son mari dans le plus grand camp, a expliqué à Human Rights Watch qu’elle se lave dehors avec une feuille de plastique autour d’elle. « Plus que le manque de nourriture, ne pas avoir une salle de bains est un problème plus important », a-t-elle confié.

Isabelle Bruand, coordinatrice de Médecins du Monde dans la région Nord-Pas-de-Calais, a décrit les conditions de vie des demandeurs d’asile et des migrants à Calais comme « inacceptables et catastrophiques ». La coordinatrice a énuméré des problèmes de peau comme la gale, des maux d’estomac et des maux de tête dus à l’insuffisance de nourriture, des problèmes respiratoires en raison de l’humidité, des problèmes de dos et des maux de dents comme conséquences directes ou indirectes de ces conditions de vie.

Réticence à demander l’asile en France
La majorité des personnes que Human Rights Watch a interrogées ont déclaré qu’elles voulaient demander l’asile, mais un grand nombre d’entre elles ont indiqué qu’elles ne l’ont pas fait en France en raison d’un manque d’hébergement pour les demandeurs d’asile, ainsi que de la violence policière et de l’hostilité de la part de certaines parties de la population locale. Certaines personnes ont également mentionné la longueur de la procédure d’asile comme facteur de dissuasion.

La procédure ordinaire de demande d’asile en France dure plus de deux ans. Le projet de loi devant le Parlement a pour objectif de réduire cette période à neuf mois.

Abdallah, 21 ans, originaire du Soudan, a déclaré à Human Rights Watch le 3 décembre 2014 qu’il avait vécu dans le plus grand camp de fortune de Calais pendant quatre mois.

« J’ai des amis qui ont donné leurs empreintes digitales il y a quatre mois et ils vivent avec nous dans la « jungle ». Donc, je préfère essayer d’aller au Royaume-Uni », a-t-il affirmé. « La vie est très, très dure. Il y a des problèmes partout : la salle de bains, un repas par jour est fourni par Salam [l’organisme de solidarité local], parfois nous recevons de l’aide des personnes ici et nous sommes reconnaissants, mais ce n’est pas ce que nous attendions. »

« Les personnes qui ont donné leurs empreintes digitales [en France] vivent ici avec nous », a déclaré Nasr Eddin, un ressortissant originaire du Soudan âgé de 30 ans vivant dans un camp à Calais. « Je voudrais faire une demande d’asile mais le problème c’est l’hébergement, le froid, la nourriture. »

« Ashraf », un demandeur d’asile âgé de 25 ans en provenance du Soudan vivant également dans un camp, a indiqué : « Nous n’avons pas d’endroit où nous laver, où prier. La France c’est bien, mais elle [la procédure d’asile] prend du temps. Où dormez-vous, où mangez-vous ? Je voudrais demander l’asile en France, mais il n’y a aucun endroit où habiter. »

Mohammad Moussa, 27 ans, demandeur d’asile en provenance du Soudan vivant dans un camp à Calais, a déclaré : « Les gens savent que la vie au Royaume-Uni est difficile et coûteuse. La France c’est beaucoup mieux. Mais ici, vous êtes sous la pluie, dans le froid, vous tombez malade. Au Royaume-Uni, j’aurai un hébergement et la procédure d’asile sera plus rapide. »

Salamou, l’homme érythréen battu par la police, a affirmé qu’il avait prévu de demander l’asile en France, mais après avoir été battu par la police, il a changé d’avis et il essayait d’aller au Royaume-Uni.

Réponse inadéquate du gouvernement français
En novembre 2014, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a fait une annonce à propos de l’ouverture d’un centre de jour – où les repas seront distribués à l’extérieur – pour 1 500 demandeurs d’asile et migrants à Calais, en disant qu’il allait ouvrir en janvier. Mais seuls certains services–repas, toilettes, eau et chargement de téléphones portables – étaient disponibles sur le site dès le 15 janvier 2015. L’ensemble des services du centre, avec 60 douches et l’accès à l’assistance juridique, ne seront disponibles qu’à partir d’avril. Le site comprendra des espaces modulaires séparés, avec 20 douches, pouvant accueillir 100 femmes et jeunes enfants à temps plein, mais ces nouveaux espaces n’ouvriront que le 20 mars 2015. Selon le préfet et un conseiller au ministère du Logement, ces espaces pourraient potentiellement être étendus pour accueillir plus de personnes vulnérables si nécessaire. Les hommes continueront d’être sans abri pendant la nuit.

Selon l’article 13 de la directive de l’Union européenne du 27 janvier 2003, établissant les normes minimales pour l’accueil des demandeurs d’asile (la directive d’accueil), les États membres de l’UE doivent fournir des « conditions matérielles d’accueil qui permettent de garantir un niveau de vie adéquat pour la santé et d’assurer la subsistance des demandeurs. »

Au regard du droit français, les demandeurs d’asile ont le droit au logement dans un centre d’accueil de l’État, ou centre d’accueil pour les demandeurs d’asile (CADA), où ils reçoivent également un soutien social et administratif en attendant que leur demande d’asile soit traitée.

Le Parlement a approuvé en novembre 2014 l’ouverture de 500 places supplémentaires dans les centres d’accueil dans différentes régions de France, afin de recevoir des demandeurs d’asile de Calais. Le 3 décembre 2014, le préfet, représentant du gouvernement dans la région Nord-Pas-de-Calais, a annoncé qu’un hangar serait disponible pour accueillir jusqu’à 1 500 migrants à Calais les nuits où la température ressentie atteindrait moins cinq degrés Celsius ou moins. Le hangar a ouvert le 26 décembre 2014 mais il a été fermé le 2 janvier 2015 lorsque la température est remontée. Il a ouvert à nouveau le 14 janvier 2015 à cause de vents forts dans les environs de Calais. L’association qui gère ce hangar a informé Human Rights Watch le 5 janvier 2015 que sa capacité maximale est de 500 places.

Le gouvernement français devrait respecter ses obligations en vertu de la directive de l’UE sur les conditions d’accueil et fournir un logement sans délai à tous les demandeurs d’asile en attendant que leurs demandes soient traitées, y compris les personnes qui indiquent leur intention de demander l’asile. Le gouvernement devrait également travailler avec les associations humanitaires et non gouvernementales afin de mettre en place l’hébergement d’urgence pour tout migrant sans papiers sans abri à Calais, en particulier pendant les mois d’hiver.

Lire l’article du Monde sur le sujet

Lire l’article de Libération sur le sujet

CALAIS / Non au « mur de la honte » ! / La vidéo de la mobilisation du 18.12.2014, journée internationale des migrants

A Calais, la mobilisation du 18 décembre 2014, journée internationale des migrants, a rassemblé près de 1 000 personnes réunies pour dénoncer l’installation de nouvelles barrières surmontées de barbelés et destinées à dissuader les exilés en errance sur le Calaisis de pénétrer dans l’enceinte du port.

 

 

« Conçue pour réguler la pression migratoire, la fermeture des frontières ne supprime pas les facteurs attractifs qui en sont une des explications, elle en rend juste le franchis­sement plus difficile et oblige les migrants à prendre plus de risques. Renforçant la dangerosité des routes migratoires qui doivent contourner les points de pas­sages officiels, elle fait monter les tarifs des passeurs. Les chiffres disent tout de l’hécatombe causée par cette « guerre aux migrants » : si l’on s’en tient aux seuls chiffres mentionnés par la presse – forcément bien inférieurs à la réalité -, près de 15 000 étrangers seraient tombés aux frontières de l’Europe entre 1988 et 2009. »

Claire Rodier, juriste au GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigré-e-s)

(Extrait de l’article « Instaurer la liberté d’aller et venir » disponible ici.)

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Crédits : Julien Saison

CALAIS / Lettre ouverte : « Calais : sortir durablement de l’impasse »

Lettre ouverte à Mme Bouchart, maire de Calais, à M. Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, à M. Valls, Premier ministre.

Madame la Maire,
Monsieur le ministre de l’Intérieur,
Monsieur le Premier ministre,

- Crédits : Arthur Janssen http://arthurjanssen.wix.com/photo

Crédits : Arthur Janssen
http://arthurjanssen.wix.com/photo

Face à l’augmentation du nombre d’exilés à Calais et dans sa région depuis un an, les pouvoirs publics – maire, préfet, ministre – ont fait évoluer leur attitude. Alors que durant des années le problème sanitaire, social et politique a été nié – et les réfugiés littéralement abandonnés à la générosité des calaisiens et des associations humanitaires -, des débuts de réponses concrètes sont annoncés.

Une mission a été confiée par le ministre de l’Intérieur, sur la suggestion de certaines de nos associations, à deux personnalités afin de proposer des pistes de solutions durables. Sans attendre leurs conclusions, un projet d’accueil de jour devrait se mettre en place d’ici peu, et offrir aux exilés un début de solution à leurs premiers besoins vitaux (nourriture, soins, hygiène).

Tout en reconnaissant ces avancées, nous exprimons notre vive inquiétude face à l’inadéquation de la prise en charge envisagée, comme nous regrettons l’extrême frilosité des Gouvernements successifs pour apporter des réponses politiques à la situation qui prévaut depuis 20 ans.

Faire face à l’urgence sanitaire et sociale

Alors que le nombre de réfugiés est passé de 500 à 2500 en quelques mois, le projet d’accueil de jour prévoit de concentrer toutes ces personnes en un même lieu, sans même envisager le principe d’un hébergement ou d’une simple mise à l’abri.

Les exilés, qui n’auront d’autres solutions, s’entasseront sous des tentes à proximité de ce centre, créant de fait un gigantesque camp de réfugiés sauvage, un Sangatte à ciel ouvert. Pour les femmes et les enfants, une mise à l’abri semble cependant prévue, mais au sein même du centre, solution qui ne sécurisera pas ce public particulièrement vulnérable. Ainsi conçu, ce dispositif n’est pas adapté à la réalité des besoins. Il pourrait même renforcer les réactions de lassitude voire d’hostilité d’une partie de la population.

Depuis le début de l’été, le nombre de personnes concernées est tel qu’il n’est plus raisonnable d’improviser de semaine en semaine. Un diagnostic solide a-t-il été réalisé pour évaluer les besoins en infrastructures, en équipements matériels, en personnels, en fluides et autres approvisionnements, ceci pour une population pouvant atteindre les 3000 personnes ? Comme nous l’avons exprimé dès le printemps dernier, ce n’est plus aux services d’une préfecture – si mobilisés soient-ils – mais bien à des professionnels de la gestion de camps de réfugiés qu’il faut confier cette mission de concevoir et de gérer une telle population ! Le HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés) assure cette mission depuis des années sur plusieurs continents. Pourquoi ne pas l’avoir sollicité ? Il n’est pas trop tard, et nous appelons le ministre de l’Intérieur à le faire sans délai.

Nos associations, avec d’autres, suggèrent depuis plus d’un an de ne pas construire UN centre d’accueil, mais plusieurs, de capacité moyenne et de taille humaine (100 à 300 personnes), répartis sur plusieurs territoires – dans et autour de Calais – avec un accueil 24/24h, gérés par des professionnels, aidés par des associations locales. Un projet de “maisons des migrants”, présenté à M. Valls, devait faire l’objet d’une expérimentation. Pourquoi cette proposition a-t-elle été écartée ? Nous demandons aux pouvoirs publics locaux et nationaux de reprendre sans tarder l’examen de ces projets.

Frilosité de la réponse politique

Le problème des exilés à Calais serait si complexe qu’il faudrait des années pour le résoudre ? Et si l’on ramenait les choses à leur juste mesure ! Dans le Calaisis, transitent chaque année entre 5 et 15 000 personnes tentant de rejoindre l’Angleterre. Ce volume est une petite proportion des 150 000 personnes arrivées en 2014 sur les côtes italiennes, et qui se dispersent dans les différents pays de l’Union Européenne.

La Grande Bretagne n’est pour les réfugiés qu’une destination parmi d’autres, et pas la principale, loin de là. Mais Calais est devenu une impasse depuis que la Grande Bretagne, après avoir refusé de signer les accords de Schengen sur la libre circulation au sein de l’UE, a demandé aux autorités françaises de contrôler sa frontière extérieure et d’y assumer un rôle de gendarme en lieu et place des services britanniques.

Divers accords (dont ceux du Touquet) et arrangements ont été signés en ce sens entre les deux gouvernements. Or la position des autorités françaises est incompréhensible ! Car enfin, pourquoi la France jouerait-elle ce rôle de gardien des frontières pour un pays, la Grande Bretagne, qui a refusé les règles européennes relatives à la libre circulation des personnes ? Pourquoi la dénonciation des accords du Touquet est-elle à ce point une question taboue ?

Soit une raison objective justifie ce statu quo, et il faudrait l’expliciter, soit il est légitime de se demander si ces accords ne constituent pas un élément d’une négociation plus large entre États faisant intervenir d’autres considérations sans rapport avec le sujet. Nous demandons au Premier ministre de décider et d’engager la renégociation de ces accords avec le Gouvernement britannique.

Pour décongestionner Calais, le ministre de l’Intérieur souhaite pour sa part inciter les exilés à déposer une demande d’asile en France. Nous approuvons cet objectif, qui serait complémentaire à la renégociation des accords avec la Grande Bretagne. C’est une réponse possible pour une partie des exilés présents sur le littoral. Mais sa réalisation suppose qu’au moins deux conditions soient remplies pour devenir effective ;

D’une part, le Gouvernement devra accélérer la remise en état d’un dispositif d’accueil digne pour les demandeurs d’asile sur tout le territoire. Si les exilés à Calais qui demandent l’asile en France ne voient pas d’amélioration concrète à leur situation actuelle d’errance, leur démarche n’aura aucun effet incitatif sur les autres.

Dans le cadre de la réforme annoncée du dispositif d’accueil des réfugiés, il est impératif que des moyens conséquents soient débloqués afin que toute personne demandant l’asile bénéficie sans délai des normes minimales prévues par les directives européennes, et en premier lieu d’un hébergement décent.

D’autre part, il faudra bien que le ministre de l’Intérieur reconnaisse que l’application des accords de Dublin doit être suspendue. Ces accords – qui encouragent le chacun pour soi entre États européens, une logique à l’encontre de la solidarité intra-européenne – prévoient le renvoi des demandeurs d’asile dans le premier État de l’Union Européenne qu’ils ont traversé.

Ainsi, les exilés demandant l’asile en France risquent le renvoi en Italie, en Pologne ou ailleurs. Conséquence : ils évitent toute démarche en France. Pour les inciter à demander l’asile sur notre territoire, le Gouvernement doit être clair, et nous demandons au ministre de l’Intérieur d’annoncer la suspension des accords de Dublin, au moins dans un premier temps dans le Nord Pas-de-Calais.

Nous avons bien conscience que c’est l’ensemble de la politique et des règles européennes en la matière qui doivent être revues. L’accueil et la protection des réfugiés par l’Union Européenne ne peuvent plus être assurés en se basant sur des outils allant à l’encontre tant de la construction européenne que des valeurs de solidarité qui la portent. Cette remise à plat prendra du temps.

Mais pour répondre à l’urgence sanitaire et sociale, pour sortir Calais de la situation d’impasse qu’elle subit depuis des années, nombre de décisions à prendre relèvent d’abord des autorités françaises, nationales et territoriales. Nous appelons donc la maire de Calais, le ministre de l’Intérieur, le Premier ministre, à les prendre, en dehors de toute considération partisane, rapidement.

Véronique Fayet, Présidente du Secours Catholique – Caritas France

Guy Aurenche, Président du CCFD – Terre Solidaire

Geneviève Jacques, Présidente de la Cimade

Thierry Khun, Président d’Emmaüs – France

Thierry Brigaud, Président de Médecins du Monde

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