Réflexion sur l’accueil et le droit d’asile
Yves Cusset
Éditions François Bourin, 2016, 135 pages
Par Philippe Demeestère
Voici un livre épatant, écrit par un philosophe bien ancré dans les actualités quotidiennes qui se font et se défont autour de nos peurs et de nos aspirations.
Sa découverte me pousse à proposer la constitution de groupes de lecture qui regrouperaient des participant·e·s de sensibilités différentes. De façon explicite, l’auteur nous dit son propos: introduire la contribution de la philosophie dans la grande conversation démocratique qui permet, face à l’ évidence de la fragilité de ce qui nous relie, de façonner les outils d’une réaffirmation du droit contre la violence, de la relation à autrui contre les liens qui séparent, des politiques de l’amitié contre les polices de l’inimitié. Yves Cusset propose et définit des mots qui permettent de s’approprier ce que l’on vit et d’en faire un lieu ouvert à une pratique partagée avec d’autres.
La meilleure façon de rendre compte de cet ouvrage, c’est bien d’inviter à entrer à plusieurs dans sa lecture, comme la meilleure présentation d’un ouvrage de cuisine est d’appeler à se mettre aux fourneaux avec des ami·e·s pour faire table commune. Comme la table, la lecture peut s’engager avec des copains et copines réfugié·e·s qui commencent à se dépatouiller avec la langue française: façon de bien entendre Y.Cusset qui met comme fondement à l’intégration dans la communauté des citoyen·ne·s la seule capacité à parler. C’est donc tout simple: ce livre nous fait faire communauté dans l’accueil de ce rien qui seul nous est commun à tou·te·s: le rien qui nous sépare pour mieux nous unir.