Amjad, un ancien de la Jungle, vient d’ouvrir son atelier d’artisanat à Calais
Amjad est un personnage attachant, toujours souriant. Malgré les nombreuses galères qu’il a connues : la fuite de la Libye, son arrivée à Calais en 2014, les campements de fortune, l’envie de rallier l’Angleterre malgré la dangerosité de l’opération… Et finalement, après plusieurs tentatives, il décide de tout faire pour rester en France, légalement. Six ans après avoir posé pour la première fois un pied à Calais, il crée aujourd’hui sa société et vient de terminer son atelier artisanal, rue des Quatre-Coins.
Des cabanes au mobilier industriel
L’homme de 33 ans se sent bien à Calais et il souhaite y poser ses valises durablement. Et surtout, travailler de sa passion. Passion qui revêt de multiples facettes.
« J’aimais beaucoup ce que je faisais mais j’avais toujours en tête d’ouvrir mon atelier et de confectionner mes
propres objets »
Amjad
Homme à tout faire, bricoleur de talent, Amjad a de l’or au bout des doigts et il sait mettre à profit cette qualité pour aider les autres. Déjà à l’époque de la Jungle, lui et quelques-uns de ses amis fabriquaient des cabanes pour loger les sans-abri. « À l’époque, il a même fabriqué un cabanon pour mon jardin et je l’ai encore », raconte un de ses amis.
Il obtient le statut de réfugié en 2014 et démarre une formation de soudeur dans la foulée, à Lille. Trois mois après, il obtient son diplôme et commence à travailler dans diverses entreprises. « Ça se passait toujours bien, raconte Amjad, j’aimais beaucoup ce que je faisais mais j’avais toujours en tête d’ouvrir mon atelier et de confectionner mes propres objets. » Il enchaîne les contrats et continue d’accumuler de l’expérience et de prendre des cours de français en parallèle de son travail. Il parle aujourd’hui très bien la langue de Molière, l’anglais et l’arabe.
Le 1er juillet, Amjad a pu réaliser son rêve lorsqu’il a enfin reçu les clefs de son atelier, au 181 rue des Quatre-Coins. 100m² exploitables qu’il a dû aménager pendant plusieurs semaines afin de pouvoir accueillir ses futurs clients et confectionner ses objets dans de bonnes conditions. « Je suis vraiment content de pouvoir enfin avoir mon propre atelier, c’était vraiment important pour moi. »
Bois, métal, meubles, portes… il peut tout fabriquer
Son atelier (presque) terminé, le Calaisien va pouvoir honorer ses premières commandes. « J’ai déjà plusieurs demandes avant d’avoir ouvert l’atelier », explique en toute modestie Amjad. Des amis ou des connaissances qui ont eu vent de son talent pour la majorité.
Mais au fait, quelle est la spécialité de cet artisan ? « Je suis soudeur de formation mais je travaille tous les matériaux, assure-t-il. Je fais tout à la main, je peux confectionner des meubles sur mesure, des portes en fer, en bois, des portails, des grilles… » Et la liste est longue en effet.
« Si l’entreprise grandit, je n’hésiterai pas à embaucher »
En clair, Amjad peut étudier toutes les propositions de ses clients, grâce à une photo ou une simple explication orale et ensuite il s’attelle à la tâche. « Je n’ai pas vraiment de référence, j’aime bien construire des objets, fabriquer des meubles, peu importe. » C’est même lui qui a réalisé les travaux d’électricité dans son atelier, nouvelle preuve de ses nombreux talents.
Pour le moment, Amjad travaille seul dans son atelier. Il vient d’ouvrir ses portes et attend de voir comment évolue son activité dans les mois et les prochaines années. « Mais si un jour j’ai besoin de quelqu’un, si l’entreprise grandit, je n’hésiterai pas à embaucher. »
Après notre entretien, Amjad, bosseur dans l’âme, retourne découper quelques planches pour préparer un futur objet métallique qui recycle le plastique. « Il n’arrête jamais, c’est vraiment quelqu’un de passionné et de motivé », lâche un de ses amis, qui confirme effectivement la première impression que l’on a lorsqu’un on rencontre Amjad.
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